Respire publie aujourd’hui la carte des écoles à piétonniser ou apaiser dans Paris. Cette carte est issue d’un recensement auprès des parents, des habitants et des professionnels. Elle inclue plus d’une centaine d’établissements et dévoile l’importance des besoins et des demandes.

Elle montre également l’immense diversité des situations : certaines écoles sont situées sur de petites rues peu empruntées, d’autres sur de grands axes embouteillés. Certains parents demandent une piétonnisation totale, d’autres une piétonnisation partielle aux horaires scolaires, d’autres encore une zone 20, la suppression de places de parking pour élargir les trottoirs ou encore la végétalisation.

Cette carte contribue à dresser un premier état des lieux qui reste partiel et qu’il faudra enrichir.

Nous avons invité les parents et les citoyens à y contribuer, à faire entendre leur voix, à exprimer leurs demandes grâce à un formulaire en ligne.

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Nous sommes bien conscients qu’il faudra croiser ces doléances avec les contraintes urbaines et techniques de chaque situation. Ce faisant, nous contribuons à un dialogue, que nous espérons fructueux, avec les mairies d’arrondissement et la mairie de Paris. Ce dialogue a déjà commencé en de multiples endroits.

Redonner à l’école et aux enfants une place dans la ville

Pendant l’épidémie de Covid, de l’espace a été pris sur la voirie pour faire des pistes cyclables ou agrandir les terrasses ; auparavant, on l’avait fait pour les vélib ou les autolib.
La moindre des choses est de le faire, aussi, pour nos enfants. Les plus vulnérables des citoyens ne méritent-ils pas une meilleure place dans notre société ?

Pendant l’épidémie, Respire a demandé la piétonnisation des abords des écoles afin de permettre aux parents de respecter les distances de sécurité lorsqu’ils déposent leurs enfants ou viennent les chercher. Respire a proposé que l’on applique les méthodes de l’urbanisme tactique qui ont montré leur efficacité pour le vélo, à la protection des enfants. Après le Covid, le retour à l’anormal n’est pas possible en la matière : il s’agit durant la phase de déconfinement mais aussi à plus long terme de donner aux écoles et donc aux enfants toute leur place dans la ville.

De l’air et de l’espace public pour nos enfants

Au regard des enjeux de santé et de sécurité, nous demandons à ce que les abords des écoles soient sanctuarisés et qu’un parvis soit créé pour chaque école sur un minimum de 30 mètres autour de l’entrée – avec une largeur suffisante suivant les contraintes locales, mais pas inférieure à 5 mètres – et qui exclue tout stationnement de voitures ou de 2RM (deux roues motorisés).
Nous demandons que le trafic soit pacifié aux abords des établissements : les axes doivent être piétonnisés, ou transformés en zone de rencontre / zone 20 ; des aménagements cyclables doivent être prévus pour que les parents puissent amener leurs enfants en vélo. Le chemin de l’école doit être repensé pour que la circulation routière soit apaisée : il faut élargir les trottoirs pour accueillir la sortie, supprimer les passages piétons dangereux, diminuer les vitesses et les trafics trop importants engendrant bruit, pollution et insécurité routière, …

Enfin, nous souhaitons que la marche à pied soit encouragée plus fortement dans la ville. C’est un mode de déplacement sain, gratuit et non polluant. Il est accessible aux riches comme aux pauvres, aux plus jeunes comme aux plus âgés, aux personnes en bonne santé comme aux plus fragiles. Il concerne les parents avec les poussettes ou tout simplement aux personnes accompagnées d’enfants. L’école doit être accessible facilement à pied pour toutes les familles.

En cette période d’élections, nous appelons les candidats à se positionner sur ces demandes concrètes. Dans chaque arrondissement, et à l’échelle de la ville toute entière. L’équipe d’Anne Hidalgo a annoncé un programme de piétonnisation pour 300 écoles et nous nous en félicitons, mais il faut sur le terrain, mettre en œuvre ces promesses.

Cette étude réaffirme l’importance du travail engagé de longue date par Respire contre la pollution de l’air aux abords des établissements scolaires, comme celui du collectif d’associations La Rue est à Nous, porté par Alternatiba Paris. A terme, nous espérons élargir ce travail à d’autres villes de France. Car la pollution n’est pas un privilège parisien, comme Respire l’a montré en 2019 avec la publication de la première carte des écoles polluées en Ile-de-France.

Un calendrier en deux temps :
Intervention d’urgence rentrée 2020

Parmi les aménagements que nous demandons, certains peuvent être mises en place rapidement, dès la rentrée de septembre 2020, en recourant aux outils de l’urbanisme tactique expérimentés en ce moment pour les pistes cyclables.
Cela inclut en premier lieu la suppression des stationnements autour des écoles pour conquérir de l’espace disponible, afin de réduire la pollution et d’organiser la dépose-vélo ou le rangement des poussettes, des lieux d’attente, etc.

La signalétique et l’instauration de Zone 20 peut être imaginée avec l’installation de dispositifs provisoires, de panneaux et de marquage au sol avec des couleurs vives. Ces aménagements peuvent être réalisés à moindre coût pour la rentrée.

100 comités locaux de projet pour 2021

A plus long terme, les modifications des voies, trottoirs et parvis scolaires, les équipements en mobilier urbain qualitatif pour équiper les parvis scolaires des fonctionnalités et des éléments de confort et de convivialité utiles, nécessitent des décisions politiques et un programme d’investissement. Nous proposons pour la centaine de sites identifiés de lancer dès la rentrée à la fois les interventions d’urgence et un comité local de projet, site par site, qui associe la communauté scolaire (direction et enseignants, parents d’élèves, services concernés de la ville – scolaire/animateurs/voirie, élus d’arrondissement).

Nous demandons que l’aménagement des espaces publics scolaires devienne un chantier prioritaire, avec une enveloppe d’urgence en fonctionnement et investissement de 5 millions d’euros pour la rentrée de septembre 2020 et 20 millions par an sur le budget Voirie durant les 6 prochaines années.

Une ville plus douce pour tous

A long terme, c’est la forme même des déplacements piétons et doux à l’échelle de la vie de quartier qui est en jeu, c’est une transformation notable de la forme des espaces publics qui est à construire. Elle doit s’élargir à nombre d’équipements dans la ville : Gymnases, Piscines, Bibliothèques, tous ces lieux d’accès à la culture, au sport, que jeunes, personnes âgées, tous citadins sont en droit de pouvoir fréquenter confortablement.
Les écoles sont un objectif prioritaire en raison de l’urgence sanitaire, mais l’enjeu à plus long terme consiste à faire une ville moins polluée, moins bruyante, plus conviviale, pour TOUS.

Quelques cas d’écoles

Voici quelques situations extraites de notre carte. (Nous vous invitons à aller sur notre site pour voir des photos)

1. École des amandiers, rue des Panoyaux 75020
L’étroitesse du trottoir atteint des records. La situation est particulièrement inconfortable avec les panneaux électoraux côté Amandiers et côté Ménilmontant, on ne passe pas une poussette.

2. Ecole Philipe de Girard, 75018
La rue a été déviée et rapprochée de l’école alors qu’il faut l’éloigner ! Une place a été créée, mais du mauvais côté (on voit le tracé sur l’image). Le plan de circulation devrait être modifié pour éviter les dérivations « Mon quartier n’est pas un raccourci » !

3. Ecole Montepoivre, 75012
Il y a un gros problème de sécurité routière d’où les passages piétons surélevés mais on rase les murs… Il faut casser les stationnements et tout changer.

4. Ecole Marsoulan, 75012
Les barrières bloquent le passage des piétons. Et si on a 2 enfants, un dans chaque école. Comment traverser avec une poussette ?

5. École St Merri, 75003
L’école la plus polluée de Paris. La rue St Merri, peu circulante, devrait être piétonnisée. La rue du Renard, plus compliquée à transformer devrait être pacifiée.