Bilan de mi-mandat du dispositif “Rue aux écoles” à Paris – La Rue est à Nous x Respire

Dans le cadre du suivi du projet “Rue aux écoles” mené en coalition avec les organisations membres de La Rue est à Nous, Respire publie les résultats d’une étude menée depuis janvier 2023 afin de faire un point d’étape de l’avancement du dispositif parisien

Plébiscité par les parents d’élèves et riverain·e·s, le dispositif « Rue aux écoles » offre l’avantage de traiter de différentes problématiques urbaines (sécurité routière, qualité de l’air, lutte contre les îlots de chaleurs, amélioration globale du cadre de vie des usager·e·s les plus vulnérables de nos villes) tout en rencontrant relativement peu d’oppositions de la part des parisien·ne·s. Pour ces raisons, en 2020, la Ville de Paris s’est engagée à piétonniser 300 rues d’établissements scolaires et à aménager complètement la rue de 100 d’entre eux d’ici 2026. De plus, un engagement a été pris de traiter les 300 écoles les plus polluées de la capitale.

Néanmoins, malgré l’avancement non négligeable du dispositif, les associations de LREAN constatent que de nombreuses rues d’écoles parisiennes restent encore globalement dévolues à la circulation motorisée, entraînant de multiples conséquences néfastes pour la santé et le bien-être physique et mental des enfants.

Quels sont les différents “types de rues aux écoles” ? 

  • Rues aux écoles « apaisées » : ces rues ne sont pas fermées à la circulation mais « apaisées » par le biais de divers aménagements (ralentisseurs, élargissements de trottoirs, surélévation de la chaussée etc)
  • Rues aux écoles « fermées à la circulation » : ces rues sont fermées par une barrière sans bénéficier d’aménagements supplémentaires, elles ressemblent à des rues classiques (souvent, il s’agit d’une première étape avant leur aménagement)
  • Rues aux écoles « fermées à la circulation et aménagées » : ces rues sont fermées mais elles ont aussi été aménagées en suivant le modèle « rue aux écoles » (revêtement au sol et mise à niveau de la chaussée et des trottoirs, végétalisation, mobilier urbain, marquages ludiques au sol)

Nos préconisations :

  • Accélérer le dispositif

D’après notre analyse, bien que le dispositif avance globalement dans tous les arrondissements parisiens, les efforts déployés par la Ville sont à ce stade insuffisants pour atteindre ses objectifs, en particulier celui concernant les 300 écoles les plus polluées. La sélection des rues aux écoles étant basée sur des critères restrictifs qui limitent grandement la mise en œuvre du dispositif, nous constatons en effet que le nombre de projets est en diminution en raison des difficultés à trouver des rues “faciles à fermer”. En cumulant toutes les écoles dont les rues ont été fermées à la circulation entre 2020 et 2022 (104) et celles qui seront potentiellement fermées sur 2023-2024 (environ 59), on parvient à une moyenne de 33 établissements concernés chaque année (en théorie seulement, puisque 13 rues aux écoles ont été annoncées mi-juin pour l’année 2023), donc potentiellement 200 écoles dont la rue aura été fermée à la fin de 2025, soit 23% des écoles parisiennes.

33% des écoles situées dans des rue aux écoles, soit 49 écoles sur 149, sont situées dans des rues fermées à la circulation ET aménagées tandis que 37% des écoles situées dans des rues aux écoles, soit 55 écoles sur 149, sont situées dans des rues qui ont été fermées à la circulation.  C’est ce dernier type de rue aux écoles qui nous paraît prioritaire à privilégier, afin qu’un maximum d’enfants puisse bénéficier du dispositif et de ses impacts positifs sur leur santé et leur bien-être.

Par conséquent, pour atteindre les objectifs fixés par la Ville de paris, La Rue est à Nous préconise l’accélération du dispositif : fermer plus de rues d’écoles à la circulation en mettant davantage de moyens pour contourner les contraintes techniques, quitte à imaginer des dispositifs hybrides qui ne soient pas systématiquement alignés avec la doctrine d’aménagement des rues aux écoles. Par exemples, des mises en impasses, des fermetures accompagnées d’aménagements légers moins coûteux, des expérimentations de rues piétonnes temporaires en recourant aux agent.e.s des points-écoles, etc.

  • Élargir le dispositif

Par ailleurs, il apparait de plus en plus injuste aux parisiens et parisiennes que, au-moment où 17% des écoles bénéficient de cette mesure très populaire, une majorité d’entre elles demeurent sans faire l’objet d’aucun dispositif d’apaisement de la circulation motorisée à leurs abords.

Cet écart de traitement relève d’un problème de justice à la fois environnemental et social étant donné que les écoles les plus polluées sont aussi fréquentées par les publics les plus précaires. Ainsi, toujours d’après nos analyses, sur les 149 écoles traitées par le dispositif, seules 9% (soit 13 écoles) d’entre elles font partie de la liste des 300 écoles les plus polluées de l’association Respire.

Les organisations de LREAN sont conscientes qu’il n’est pas possible de piétonniser toutes les rues d’écoles. Néanmoins, des aménagements alternatifs existent, c’est pourquoi la coalition réclame l’apaisement systématique des rues d’écoles “non-piétonnisables”, en en faisant une priorité pour Embellir votre Quartier : dépasser le dispositif de piétonnisation et élargir l’action de la Ville aux rues d’écoles qui ne peuvent pas être piétonnisées en imaginant une panoplie de solutions alternatives à la fermeture, qui puissent être appliquées systématiquement aux abords de ces écoles.