Accueil E Sensibilisation E Compte-rendu des actions de mobilisation de 2024

Depuis plusieurs années à Paris et en Ile-de-France, l’association Respire mène un travail d’accompagnement et de sensibilisation de parents d’élèves et d’élu·es visant à obtenir des rues d’écoles  “apaisées” : des rues où les flux et la vitesse de la circulation motorisée ont été réduits, voire tout à fait supprimés dans le cas de piétonnisations.

L’association Respire, ainsi que ses partenaires associatifs de La Rue est à Nous, portent un intérêt tout particulier aux rues d’écoles car c’est là que les enfants passent la majeure partie de leur temps. Or, cette population est extrêmement vulnérable aux conséquences du trafic motorisé. L’exposition précoce aux différents polluants est par exemple à l’origine de maladies respiratoires (1), cardio-vasculaires (2) et peut occasionner des troubles du développement cognitif chez l’enfant (3). Pour rappel, la circulation routière est responsable d’environ 52% des émissions d’oxydes d’azote (NOx) en milieu urbain et de 16% de particules fines (PM2,5) (4).

Dans ce cadre, Respire participe chaque année à l’évènement européen Street for kids coordonnée par Clean Cities Campaign – rebaptisée Journée européenne des rues aux enfants en Ile-de-France – qui lui permet d’inscrire son accompagnement dans un mouvement plus large, revendiquant des rues favorables aux enfants par le biais de la diminution de la circulation motorisée en ville.

Mobilisation 2024

Cette année encore, ce sont 10 écoles et plus de 200 parents et enfants qui se sont mobilisés pour réclamer des rues d’écoles apaisées. Chaque groupe de parents mobilisés, à sa manière, illustre l’une des revendications de Respire et La Rue est à Nous.

1° Généralisation des dispositifs de “rues scolaires” temporaires (horaires d’entrée et sortie scolaire seulement) et permanentes en Ile-de-France

Parmi les différents groupes participants cette année, on constate que la mobilisation est utile dans différents cas de figures : alors que des parents se mobilisent dans des villes où il n’existe encore aucune réflexion autour des rues d’écoles, d’autres réclament le renforcement, voire la généralisation, de mesures déjà existantes.

Colombes

L’année dernière déjà, des habitant·es de Colombes ont participé à la Journée en tractant devant une école pour sensibiliser et afficher leur soutien à un potentiel projet de rue scolaire envisagé par les élu·es. Cette année, une étape a été franchie, avec la volonté d’organiser une véritable rue aux enfants dans la rue Gay-Lussac. Celle-ci n’a pas pu être réalisée pour des raisons administratives, mais une très belle action a tout de même eu lieu.

Quinze personnes du collectif Colombes Respire/FCPE et de l’UPIC de l’école ont ainsi tracté et échangé avec les parents qui  accompagnaient leurs enfants à pied ou en voiture. L’opération de sensibilisation a bien fonctionné et de nombreuses personnes sont reparties séduites à l’idée d’une rue fermée à la circulation le matin au moment de l’entrée à l’école. L’action en elle-même a été une grande réussite : super ambiance, en musique et sous le soleil ! Pavoisée d’affiches, de ballons et de fanions de toutes les couleurs, la rue s’est métamorphosée le temps d’une demi-heure. Dans un joyeux brouhaha, des dizaines d’enfants et de collégien·nes ont envahi la rue vers 8h50 ; ils se sont emparés des grosses craies pour dessiner sur le sol et afficher de grands sourires avant de rentrer dans l’école. 

Deux adjoints (aux transports, qualité de l’air et mobilités douces) étaient présents pour soutenir cette action. La prochaine étape est déjà prévue : une réunion en mairie va avoir lieu pour réfléchir à des “rues aux écoles” pour la rentrée 2024 à titre expérimental. 

Boulogne-Billancourt

Pour la deuxième année consécutive, les parents d’élèves se sont mobilisés pour réclamer la mise en place d’une rue scolaire devant l’école Escudier, et plus largement pour la mise en place d’un programme de rues scolaires à l’échelle de la ville. 

Une rue aux enfants d’une petite demi-heure a ainsi été organisée à l’heure d’entrée scolaire, avec tractage, collations et activités pour enfants. Le tout s’est très bien déroulé avec l’aide de la police municipale : en tout, 240 enfants et une centaine de parents ont bénéficié de l’action. Les parents investis ont décidé d’une prochaine étape : créer et administrer un sondage permettant d’évaluer les souhaits et attentes des parents et mesurer leurs modes de transport utilisés. 

Seul bémol à cette action type “rue aux enfants” : le côté festif peut diminuer la dimension revendicative de l’action, à compenser en mettant davantage d’affiches et de panneaux portant le message de l’action par exemple. 

Montreuil

Alors que l’Avenue Gabriel Péri vient d’être entièrement refaite avec la création de pistes cyclables, la rue Stalingrad reste très empruntée par voitures et camions qui s’arrêtent à un feu situé juste en-dessous des fenêtres de l’école Angela Davis, laquelle n’a pas bénéficié du projet de réaménagement de l’espace public. 

Afin de réduire la circulation, mieux protéger l’école et les autres espaces pour enfants sur cette rue (ludothèques, parcs, aires de jeu), des parents commencent à se mobiliser en démarrant par des séances de tractage pour discuter des problématiques de la rue. 

Bagnolet

Pour la première fois à Bagnolet, deux mobilisations ont marqué la Journée européenne des rues aux enfants, en présence de la presse régionale.

La première, menée par les parents d’élèves de l’école Joliot-Curie, avait pour objectif la demande de création d’une rue scolaire très attendue. L’avenue de la Dhuys, à sens unique, est en effet confrontée à un trafic à contresens et à une vitesse excessive, constituant un risque pour les élèves. Depuis plusieurs années, les parents réclament la fermeture de la rue en impasse avec une barrière pour diminuer le trafic et le contresens.

Durant trois heures, l’avenue a été fermée à la circulation pour permettre la tenue d’actions de sensibilisation et d’animations : les enfants ont pu participer à des jeux, des dessins à la craie, des coloriages, et ont créé des slogans et pancartes exprimant leur désir d’une rue sans voiture ! L’événement a également été l’occasion pour de très nombreux parents d’échanger et d’affirmer leur soutien au projet en présence de l’adjoint à l’environnement et à l’éducation de Bagnolet. Au regard de l’adhésion au projet, la mobilisation a été un succès et a globalement convaincu les Bagnoletais·es.

La seconde action s’est déroulée dans la rue Paul Bert, laquelle avait déjà été transformée en rue scolaire il y a quelques mois avant que la barrière à l’entrée ne soit accidentellement détériorée, rouvrant de ce fait la rue à la circulation. En attendant le remplacement de la barrière, la rue est occasionnellement fermée lors de rues aux enfants. Actuellement en double sens avec des trottoirs étroits et des places de parking, la rue nécessite des ajustements pour assurer la sécurité des enfants.

Avec cette mobilisation, le collectif de parents de Jules Ferry et les associations locales réclament la réparation de la barrière, ainsi que la mise en place d’un marquage au sol tactique, le changement de statut de la voie et divers aménagements pour en assurer l’apaisement. 

Durant la mobilisation qui a duré 4 heures, le collectif de parents d’élèves, des associations du quartier et des collectifs d’architectes-designers ont expérimenté un marquage au sol dans une ambiance festive. Les activités comprenaient des dessins à la craie, du karaoké, des goûters et des animations vélos. Les habitant·es et parents ont pu échanger avec le maire de Bagnolet concernant le projet et la réalisation du marquage permanent.

2° Poursuite et accélération de la réalisation de rue aux écoles dans les arrondissements carencés à Paris

A Paris, le contexte est particulier car il existe déjà un dispositif de rue scolaire nommé “rue aux écoles”. Les trois écoles parisiennes mobilisées illustrent la nécessité de pousser encore davantage le dispositif au vu de la demande.

Vigée Lebrun

Vendredi en fin de journée, les parents et des riverain·es ont organisé une action “rue aux enfants” pour réfléchir et imaginer un projet d’apaisement tout en proposant aux enfants de goûter et jouer sur la chaussée afin de démontrer les impacts positifs d’une rue débarrassée de ses voitures. Une pétition a été créée pour l’occasion pour que les parents puissent signifier leur soutien. 

Agissez : soutenez le projet de la rue Vigée Lebrun en signant leur pétition ou en envoyant un mail automatique au maire du 15e arrondissement

L’événement a été un succès, avec de nombreux participant·es s’appropriant l’espace, dont les enfants et collégien·nes du quartier. Pendant que les enfants profitaient d’un large espace de liberté, les parents se sont retrouvés pour discuter et échanger des idées sur la transformation de la rue.

Croulebarbe

En 2024, les parents de Croulebarbe se sont à nouveau mobilisés afin de recréer du soutien à leur proposition de rue aux écoles faite dans le cadre d’Embellir Votre Quartier en 2023. Afin de s’aligner avec le calendrier des décideurs publics, les parents ont décidé de faire leur action dès le mois de mars. Celle-ci a abouti à une très belle rue aux enfants, avec de nombreuses activités devant l’école : dessins à la craie et sur papier, atelier pancarte, bulles de savon, goûter et sensibilisation à la pollution de l’air pour les tout-petits… sans oublier les jeux de loup et de balles improvisés dans le reste de la rue ! 

L’élu à la mobilité du 13ème arrondissement est venu discuter du projet et la mobilisation a permis d’inviter un maximum de parents à la réunion publique organisée la semaine suivante. Cette dernière a été le théâtre d’un consensus rarement vu en réunion publique : beaucoup d’interventions très positives de parents et de riverains, avec de nombreux arguments en faveur de la piétonnisation (sécurité, moins de bruit, végétalisation, jeux, esthétique, patrimoine, création de lien social…) et aucune opposition, même de la part d’automobilistes et riverain·es. La décision de la Ville est attendue dans les mois à venir.

Agissez : soutenez le projet des parents en envoyant un mail automatique au maire du 13e arrondissement 

Jomard-Emelie

Déjà mobilisés depuis plusieurs mois, les parents délégués des écoles maternelle Emelie et élémentaire Jomard du 19ème arrondissement parisien ont profité de la Journée européenne pour promouvoir à nouveau leur projet d’aménagement d’une rue aux écoles proposé dans le cadre d’Embellir Votre Quartier. 

Pour cela, une action de sensibilisation via du tractage a été menée pour discuter de l’aménagement de la rue déjà piétonne devant l’école et demander aux parents de soutenir la proposition en ligne. En parallèle, un QR code était proposé aux parents afin d’écrire directement au maire du 19e arrondissement via le site de Respire.

Agissez : soutenez le projet de la rue Jomard/Emelie en votant pour leur proposition ou en envoyant un mail automatique au maire du 19e arrondissement

3° Généralisation d’aménagements alternatifs diminuant la place de la voiture dans les rues impossibles à piétonniser à Paris et en Ile-de-France

Enfin, deux écoles dont les rues sont en l’état impossibles à piétonniser ont participé à la mobilisation, illustrant l’importance de se manifester même lorsque la situation est techniquement ou politiquement compliquée.   

Rochechouart

Début 2023, le tronçon de la rue en face de l’école du 22 rue Rochechouart a été fermée pour travaux pendant plusieurs mois. A l’occasion de la concertation impulsée par la Ville dans le cadre d’Embellir Votre Quartier, parents et riverains ont alors commencé à faire des séances de tractage devant leur école afin d’obtenir des votes pour leur proposition de création d’une rue aux écoles. Malgré le grand nombre de votes obtenus, le projet n’a pas été retenu et la rue rouverte à la circulation. Les parents ont alors créé leur propre pétition, laquelle a obtenu un nombre de signatures très important. Plusieurs rendez-vous ont depuis eu lieu avec la mairie d’arrondissement qui a donné des gages pour un apaisement prochain de la rue, qui ne peut pas être piétonnisée sans déviation pérenne du bus n°85.

Afin de soutenir la volonté d’un apaisement très prochain de la circulation dans cette rue, les parents ont décidé pour la première fois d’organiser un rue aux enfants pour à nouveau démontrer l’impact de la fermeture de la rue sur le cadre de vie des enfants. Pendant une demi-heure de manifestation (écourtée pour mettre fin au blocage du bus 85 qui devait initialement être dévié par les services de la Préfecture), la rue a été fermée à la circulation afin de permettre aux enfants de dessiner, jouer au tir à l’arc, faire du vélo… pendant que les parents continuaient à faire signer leur pétition. L’accueil a globalement été très favorable et porte à imaginer le renouvellement de cette expérience et à envisager une forme pérenne qui permettrait de réduire la pollution dans cette zone fréquentée par de très nombreux usager·es des services publiques.

Agissez : soutenez le projet de la rue Rochechouart en signant leur pétition ou en envoyant un mail automatique à la maire du 9e arrondissement

Monceau

Dans le 8ème arrondissement, les parents d’élèves se sont mobilisés pour demander des améliorations du tronçon de la rue Monceau au niveau de l’école du n°15, notamment en termes d’apaisement, de sécurisation et de végétalisation, dans l’idée de soutenir un potentiel projet d’apaisement de la mairie du 8ème arrondissement. Un visuel a été co-conçu par l’association Respire avec les parents pour se figurer le projet :

Située entre la rue des Courcelles et le boulevard Haussman, une petite rue aux enfants y a été organisée : le matin, la rue a été bloquée pendant une demi-heure, offrant aux enfants l’opportunité de s’emparer de l’espace et de participer à des animations de dessin à la craie. 

Des tracts ont été distribués tout au long de la journée aux riverain·es et aux parents pour expliquer la proposition d’apaisement de la rue et inviter à signer une pétition. Cette mobilisation a été un succès avec plus de cinquante parents qui ont soutenu la demande de piétonnisation. De plus, elle a permis de mettre en lumière la possibilité de l’apaisement de la rue, en bloquant temporairement la situation. La présence de la police municipale a contribué à assurer le bon déroulement de l’événement.

Agissez : soutenez le projet de la rue Monceau en signant leur pétition ou en envoyant un mail automatique à la maire du 8e arrondissement

Pour conclure 

Respire et La Rue est à Nous souhaitent rappeler le rôle essentiel que peuvent jouer les citoyen·nes, et notamment les parents d’élèves, dans l’obtention de rues apaisées plus favorables aux enfants, en Ile-de-France et partout ailleurs. Dans les années à venir, les actions de “rues aux enfants” doivent être multipliées et massifiées partout sur le territoire, avec des objectifs clairs de revendications de mesures pérennes d’apaisement des rues de la part des décideurs publics. L’association Respire reste à la disposition des personnes mobilisées ayant besoin d’aide pour ce faire.

 

Cliquez pour accéder à une variété d’outils et de conseils utiles pour réclamer une rue apaisée.

Sources : 

(1) https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/rapport-synthese/resume-des-resultats-du-projet-aphekom-2008-2011.-des-clefs-pour-mieux-comprendre-les-impacts-de-la-pollution-atmospherique-urbaine-sur-la-sante-en

(2) https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/urban-health

(3) https://www.atmosud.org/actualite/les-particules-fines-et-leur-impact-sur-la-sante-mentale

(4) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-transports-2022/20-emissions-de-polluants-atmospheriques-du

 

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