Le 16/12/2023, une centaine de parents d’élèves et d’enseignants de dix écoles de Garges-lès-Gonesse ont participé le 16 décembre à une marche contre le projet du BIP. Une mobilisation organisée par le collectif Vivre sans BIP avait déjà rassemblé le 7 octobre un millier de Val d’Oisiens et des élus de tous bords, Cette voie rapide de la taille d’une autoroute menace à Garges la santé de 2000 élèves des quartiers populaires dont les écoles sont situées à proximité, en particulier le groupe scolaire Victor Hugo qui doit être reconstruit juste au bord du tracé de cette 2×2 voies. Sur l’ensemble du tracé, 10 000 enfants seraient impactés par le trafic routier du BIP.
Le collectif Vivre sans BIP, le collectif de parents d’élèves contre le BIP, les Amis de la Terre Val d’Oise, FNE IDF et Respire étaient en soutien de cette marche. Les parents d’élèves de dix écoles[1], de la crèche au lycée, se sont rassemblés le 16 décembre pour marcher contre le BIP (ou avenue du Parisis). Alors même que la qualité de l’air et le bruit auxquels sont exposés leurs enfants dépassent déjà les normes de l’OMS, cette route 2×2 voies augmenterait encore les pollutions auxquelles ils sont exposés, menaçant par là-même leur santé. Les enfants sont en effet les premières victimes de la pollution de l’air[2].
Selon l’ADEME[3] “le lien entre l’importance du trafic routier et la mauvaise qualité de notre air est aujourd’hui clairement établi” et “la création de voies de circulation supplémentaires génère invariablement une augmentation du trafic et, en conséquence, des émissions associées”.
Pour ces écoles, les concentrations en particules fines PM2,5 et en NO2 sont déjà le double des normes de l’OMS[4]. Or selon le Ministère de la santé, les études épidémiologiques montrent qu’il existe un lien existe entre la distance par rapport aux grands axes routiers et différents effets sanitaires[5] : apparition et exacerbation de l’asthme chez l’enfant ; survenue de symptômes respiratoires, de troubles de la fonction pulmonaire et de pathologies cardiovasculaires (infarctus aigu du myocarde…) ; lien suspecté dans la survenue de leucémies chez les enfants. Selon Sébastien Denys, Directeur santé environnement travail à Santé publique France “le dépassement des seuils de l’OMS pour la qualité de l’air est associé à des risques importants pour la santé”[6].
Ces écoles sont aussi exposées à un niveau de bruit dépassant déjà les normes de l’OMS[7] car elles sont situées dans la zone C du Plan d’exposition au bruit de Roissy, et proche des pistes de l’aéroport du Bourget. La pollution sonore est la seconde cause de de morbidité environnementale[8]. Elle augmente les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, provoque des troubles du sommeil ainsi que des perturbations de la santé mentale et des systèmes immunitaire et endocrinien. En milieu scolaire, le bruit des transports est associé à des problèmes d’apprentissage et de performance scolaire. Il affecte la compréhension de la parole, la mémoire, provoque des problèmes d’attention ainsi qu’une difficulté à lire (2 mois de retard dans l’apprentissage de la lecture).
La construction du BIP aurait aussi pour conséquence la destruction de l’un des seuls poumons verts de la ville de Garges. Cet espace naturel compte un bois, une zone humide, une ferme avec des prairies où paissent des vaches : un havre de paix au milieu du béton pour les habitants de Garges et leurs enfants. Sur la totalité du tracé, une centaine d’hectares d’espaces naturels et des centaines d’arbres seraient rasés.
Datant des années 30, retoqué trois fois en justice, contesté par une majorité de maires, d’associations et d’habitants des communes situées sur le tracé, mais aussi par une majorité de parlementaires du Val d’Oise, le projet du BIP est porté par le Conseil départemental et inscrit au SDRIF à sa demande. La construction du tronçon Est, dont le tracé est inscrit dans l’enquête publique réalisée en 2015 et dans le PLU 2023 de Garges lès Gonesse, pourrait démarrer dès fin 2024 si les associations perdent devant le Conseil d’Etat.
Citations
Emilie Guignard, maman d’élève déléguée à l’école Victor Hugo de Garges : “Qui voudrait vivre, travailler, jouer et grandir au pied d’une autoroute ? Pourquoi détruire nos seuls espaces verts ? Notre priorité est la santé de nos enfants, voilà pourquoi nous demandons l’abandon du projet du BIP”.
Tony Renucci, directeur général de l’association Respire : “Les études montrent que les enfants sont les plus vulnérables à la pollution de l’air. Asthmes, maladies cardiovasculaires, risques pour le cerveau et le développement de l’enfant.. Il est impensable qu’un projet routier des années 30 mette la vie et la santé de plusieurs milliers d’enfants en danger. Le BIP doit être abandonné.”
[1] Ecoles Victor Hugo, Jean Moulin, Romain Rolland, La Fontaine, Alphonse Daudet, Anatole France et Jacques Prévert, crèche Dolto, collège Paul Eluard, collège Pablo Picasso, lycée Simone de Beauvoir.
[2] Les effets de la pollution de l’air en ville sur les enfants, Respire et l’UNICEF – Les établissements scolaires exposés à la pollution de l’air en IDF, WWF
[3] Modifier le trafic routier : une nécessité pour améliorer la qualité de l’air | Particuliers
[4] PM 2.5 = 10 μg/m³ vs le seuil de l’OMS à 5 μg/m³ – NO2 = 20 μg/m³ vs le seuil de l’OMS à 10 μg/m³ – Source : Bilans et cartes annuels de pollution | Airparif
[5] Qualité de l’air : Sources de pollution et effets sur la santé
[6] Pollution de l’air : l’OMS révise ses seuils de référence pour les principaux polluants atmosphériques
[7] Lden entre 55 et 65 dB vs le seuil limite de Lden 45 pour l’OMS – Rumeur – Bruitparif