Plusieurs décisions ou propositions de diminuer la vitesse automobile ont suscité des débats intenses. Alors pour ou contre ? En fait, chaque situation est différente.
Pour évaluer l’impact d’un changement de vitesse sur un axe routier, il faut prendre en compte plusieurs paramètres : l’impact sur le climat, sur la qualité de l’air et sur la sécurité routière. Il faut aussi prendre en compte la courbe d’émission des véhicules en fonction de la vitesse. En effet, les moteurs thermiques des véhicules automobiles sont en général optimisés pour une vitesse comprise entre 50 et 80 km/h. Proportionnellement, ils émettent plus de CO2 ou de polluants en dehors de cette vitesse optimisée, ce qui explique une courbe en « U ». Voir figure.
110 sur les autoroutes
La diminution de 130 à 110 sur les autoroutes a été proposée par la Convention citoyenne sur le climat. Elle a un impact positif en termes de CO2. Toutefois, son impact en termes de qualité de l’air est négligeable : en effet, les tronçons d’autoroute sur lesquels on peut rouler à 130 sont en général loin des zones peuplées. (Ce ne sont ni les « autoroutes urbaines comme le périphérique parisien, ni les véritables autoroutes en agglomération, dans lesquelles la vitesse est déjà, souvent, limitée à 110 ou 90). L’impact en termes de sécurité est probablement négatif. En effet, les autoroutes sont moins accidentogènes que les nationales. Mais si l’intérêt à circuler sur autoroute en termes de vitesse diminue, les automobilistes auront davantage tendance à emprunter les nationales puisqu’elle sont non payantes. Cela accroit le risque d’accident.
En plus de ces raisons, cette mesure est un piège politique : une manière de braquer les automobilistes alors que d’autres mesures de la Convention seraient plus efficaces pour limiter les émissions automobiles, en particulier celles qui encouragent une diminution du poids des véhicules et une amélioration des motorisations ( il vaut mieux une petite voiture électrique à 130 qu’un gros SUV diesel à 110 !). En conclusion, nous sommes plutôt CONTRE cette mesure.
90 sur les nationales
L’impact en termes de CO2 est modeste, comme l’est l’impact sur la qualité de l’air. L’enjeu principal concerne la sécurité routière.Selon une étude du Cerema, la mortalité a baissé de 10% sur les routes concernées par la diminution de la vitesse à 80. Nous ne sommes pas experts en la matière, mais si les experts disent que cela peut sauver des vies, alors pourquoi pas ? Plutôt POUR.
50 sur le périphérique autour de Paris
Ici, le débat est faussé parce que l’enjeu principal concerne les embouteillages. En effet, la vitesse moyenne sur le périphérique est de 39 km/h, bien en-dessous de la vitesse maximale actuellement autorisée : 70 km/h. D’après certains experts, la circulation en accordéon (ralentissements – accélérations) est responsable de nombreux bouchons. Diminuer la vitesse maximale réduit ces effets “accordéon”, et donc revient en fait à diminuer les bouchons. C’est ainsi que la diminution de la vitesse maximale autorisée en 2014, de 80 à 70 km/h aurait permis une augmentation de la vitesse moyenne ! C’est bon pour tout le monde : meilleur pour la pollution, pour le climat et pour les automobilistes. Nous sommes POUR.
30 en agglomération
Une partie des « petites » rues de la capitale est déjà limitée à 30 km/h. La mairie de Paris a annoncé diminuer la vitesse sur toutes les rues qui ne seraient pas des axes. Là encore, il faut rappeler que la vitesse moyenne observée dans la capitale est très inférieure à la vitesse maximum autorisée : 14 km/h… Toutefois, en termes de pollution, la diminution de la vitesse, sur cette game de vitesses, est plutôt mauvaise : vous vous souvenez de la courbe en cloche ? En dessous du régime optimisé, plus le véhicule roule lentement, plus il émet de pollution. Et les arrêts fréquents et les redémarrages incessants sont mauvais pour la pollution. Mais en zone urbaine dense, devant les écoles ou les maisons, les enjeux de sécurité sont majeurs. De même que les nuisances sonores et les enjeux d’apaisement de la vie quotidienne. Et donc, nous sommes POUR.
Et vous, qu’en pensez-vous ?