Accueil E Transport E La mauvaise foi de la RATP face à la pollution

Suite à la publication par Respire et le SAT-RATP d’une étude sur la pollution de l’air, la RATP a publié un court texte. Celui-ci est un exercice de mauvaise foi qu’il est nécessaire de réfuter.

Tout d’abord, la RATP prétend que les deux stations de mesures opérationnelles sont labélisées COFRAC. Pourtant, elles ne respectent pas les conditions élémentaires de prélèvement : la première est trop près du plafond et est encrassée ; la deuxième n’utilise pas un système de prélèvement normatif (simplement des tuyaux au lieu de têtes de prélèvement). Il est peu probable que ces deux stations soient effectivement accréditées. (Des photos des stations de mesures sont jointes ci-dessous).

En revanche, la station de mesure d’Auber, qui respecte toutes les règles, a pu l’être. Mais c’est là que l’argumentation de la RATP est la plus malhonnête. La RATP explique qu’elle ne diffuse pas les mesures de cette station : les « mesures (sont) actuellement interrompues à Auber durant les travaux afin de garantir l’exactitude des données ». C’est reconnaitre que les niveaux de pollution sont très élevés alors que de nombreux usagers sont présents sur les quais tous les jours. La RATP dissimule ainsi au public la gravité de la situation, ce qui est précisément ce que nous cherchons à mettre en évidence.

Par ailleurs, le texte de la RATP fait, probablement à dessein, une confusion entre micro-capteurs portatifs et LOAC. Il est vrai que RESPIRE a utilisé les premiers dans plusieurs vidéos, mais celles-ci n’ont aucun rapport avec l’étude réalisée avec Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS. Pour cette dernière étude, nous avons utilisé le LOAC, un instrument de recherche qui n’est pas un instrument portatif. C’est un instrument qui peut être transporté, mais qui est fait pour faire des mesures de manière fixe.

La RATP affirme de manière erronée que cet instrument est sensible à différents paramètres tels que l’humidité (ce qui n’est pas le cas). A-t-elle testé cet appareil ? Non. Elle cherche à remettre en cause des résultats qui sont tout à fait utilisables scientifiquement, comme le montrent les dizaines de publications scientifiques effectuées avec le LOAC dans des revues internationales. Ce déni de la RATP, se basant sur des éléments faux, est navrant.

Enfin, la RATP ne répond pas à notre argument principal : celui de la grande diversité des stations et le manque de transparence. Même si ses 3 capteurs marchaient correctement, ils ne suffiraient pas à donner une vision correcte de la situation dans les près de 300 stations du réseau. Et dans tous les cas, il faudrait informer les usagers et les salariés de manière transparente, ce qui n’est manifestement pas le cas.

Olivier Blond, Directeur de l’association Respire
Reda Benrerbia, Secrétaire général du Syndicat SAT RATP

Les capteurs de la RATP


La tête de prélèvement du capteur à Châtelet est visiblement encrassée.


Les deux petits tuyaux bleu et rouge, qui correspondent probablement aux prises d’air, ne répondent pas aux standards du domaine.


La station de mesure de Auber est exemplaire. C’est à cela que devraient ressembler les autres. Mais la RATP ne communique pas les données que cette station pourrait produire.

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