Etude : La cuisson au gaz émet des niveaux de pollution hebdomadaires supérieurs aux recommandations de l’OMS

La cuisson au gaz provoque des dépassements hebdomadaires des seuils limites de concentrations de pollution de l’air recommandés par l’OMS, selon une nouvelle étude.

L’ONG CLASP et l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA), se sont associées à l’institut de recherche “Organisation pour la recherche scientifique appliquée aux Pays-Bas” (TNO) pour mener un travail de recherche sur l’impact sanitaire et environnemental de la cuisson au gaz (plaques de cuisson, fours, cuisinières). TNO a réalisé plusieurs simulations afin d’évaluer les émissions de polluants issues de la cuisson au gaz selon différents scénarios (type de cuisson, conditions de ventilation, etc.).

Des niveaux de pollution supérieurs aux recommandations de l’OMS

Le rapport suggère que la cuisson au gaz émet des niveaux de pollution au dioxyde d’azote (NO2) supérieurs aux recommandations de l’OMS sur l’air extérieur, et ce plusieurs fois par semaine tout au long de l’année. Dans les pays d’Europe de l’Ouest, la limite journalière recommandée par l’OMS de 25 µg/m3 pour le NO2 est dépassée 5 jours sur 7 et la limite annuelle de 10 µg/m3 est aussi dépassée.

Des tests de laboratoire réalisés par TNO montrent également que les plaques de cuisson au gaz émettent du monoxyde de carbone, des particules ultrafines et d’autres polluants, pouvant avoir de graves effets sur la santé, en particulier chez les enfants.

Selon le rapport, le nombre d’enfants dans l’UE présentant des symptômes d’asthme au cours des 12 derniers mois en raison de la cuisson au gaz est estimé à plus de 700 000, soit 12 % du nombre total de cas d’asthme actuellement parmi les enfants de l’UE. En France, le rapport estime que plus de 140 000 enfants souffrent d’asthme à cause de la cuisson au gaz, alors que 31,7 % des ménages français cuisinent au gaz.

« Les gens passent la majorité de leur temps à l’intérieur. La qualité de l’air intérieur peut avoir un impact majeur sur notre santé et notre bien-être. Peu de gens sont conscients des risques nocifs posés par les appareils de cuisson au gaz – la préparation du dîner pourrait nous exposer à autant de polluants que la fumée secondaire. Les appareils de cuisson au gaz ont besoin d’étiquettes de mise en garde sanitaire comme les paquets de cigarettes. L’Union européenne a l’obligation de tenir compte de ces risques pour la santé. » déclare Christine Egan, PDG de CLASP. 

Des liens entre pollution, cuisson au gaz et maladies déjà démontrés

Ce rapport s’inscrit dans la lignée de 3 précédentes études qui établissent le lien entre cuisson au gaz, pollution de l’air et conséquences sanitaires : 

  • un rapport de l’Association médicale américaine (association américaine de médecins et étudiants en médecine) de 2022 affirme que les cuisinières à gaz augmentent la pollution de l’air dans le foyer et rend le risque d’asthme infantile plus sévère ;
  • une étude espagnole publiée dans le Journal américain de l’épidémiologie de 2009 a établi un lien entre l’utilisation du gaz à domicile et le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention chez les jeunes enfants ;
  • une étude de 2020 réalisée sur une cohorte de bébés à Shenzen entre 2015 et 2017 suggère que la cuisson au gaz pendant la grossesse peut entraîner une hyperactivité chez les tout-petits.

Il a aussi été démontré que les polluants émis par la cuisson au gaz ont des effets négatifs sur le cerveau et les systèmes respiratoire et nerveux des adultes.

« Nous craignons que la qualité de l’air intérieur ne devienne particulièrement mauvaise cet hiver dans les maisons utilisant des cuisinières à gaz, car les ménages aèrent moins la cuisine pour réduire leur consommation de chauffage et économiser de l’argent. A cause de ce manque de renouvellement de l’air, il est primordial de s’attaquer aux sources de pollution de l’air intérieur, comme les cuisinières à gaz. Les enfants et les personnes souffrant de maladies respiratoires sont les plus à risque et les plus exposés aux impacts négatifs sur la santé. Malgré tous les dommages pour la santé et l’environnement liés à la combustion de combustibles fossiles dans nos maisons, les gouvernements ont la responsabilité de mettre en place des systèmes qui nous éloignent du gaz et nous orientent vers une cuisson électrique propre. La révision actuelle du règlement sur les appareils de cuisson offre à l’UE l’occasion de prouver qu’elle est à la hauteur de sa vision et de son ambition “Zéro pollution”» ajoute le Dr Milka Sokolović, directeur général de EPHA.

L’article 191 sur le traité du fonctionnement de l’UE mentionne l’obligation de protéger la santé humaine et la France a été condamnée par la Cour européenne de justice pour son non-respect de la directive européenne sur la qualité de l’air en 2019 et en 2022. Pourtant, d’après CLASP et EPHA, les normes européennes actuelles sur les appareils de cuisson sont insuffisantes. Même si de nouvelles normes sont attendues l’année prochaine, l’étude préparatoire de la Commission européenne reconnaît que la cuisson « est une source importante de polluants intérieurs » et les solutions se limiteront à des mesures d’atténuation de cette pollution. C’est pourquoi CLASP et EPHA appellent à l’arrêt progressif des cuisinières à gaz via la directive Ecodesign.

Une nouvelle étude en conditions réelles pour l’été 2023

“Ces chiffres sont un choc ! Avec la crise énergétique actuelle, nous pouvons craindre un impact sanitaire notable sur les cas d’asthme des enfants cet hiver et ces chiffres nous obligent à repenser nos modes de vie et de consommation. C’est pourquoi Respire accompagnera CLASP et EPHA dans la réalisation de mesures en conditions réelles dans 40 logements en France, dont les conclusions seront présentées dans un nouveau rapport d’ici l’été 2023” annonce Tony Renucci, directeur général de Respire, responsable de la communication sur cette étude en France.

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