De nombreuses études montrent la vulnérabilité des enfants à la pollution de l’air. Leur système respiratoire et immunitaire n’est pas mûr. Rapportée à leur poids, leur dose d’exposition aux polluants de l’air est plus importante que chez les adultes. Médecins et organisations internationales sonnent l’alarme. L’OMS vient d’annoncer que 570 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de la pollution de l’air dans le monde. Et que près de 90% des enfants de la planète respirent un air toxique.
Le nombre d’enfants asthmatiques a ainsi doublé en deux décennies, en grande partie à cause de la pollution. La pollution de l’air provoque également un retard dans le développement cognitif des enfants, un déficit de QI. Elle favorise des maladies mentales et neurologiques. Et même dans le ventre de sa mère, le foetus est vulnérable à la pollution : le risque de naissance prématurée augmente, le poids à la naissance diminue. Elle cause un retard dans le développement pulmonaire des enfants, c’est-à-dire que les enfants qui sont exposés à la pollution y seront plus sensibles quand ils seront plus grands, qu’ils respireront plus mal quand ils seront adultes. La pollution cause également un retard dans le développement cognitif des enfants. Tout d’abord parce que les enfants malades ont plus de difficultés à l’école. Mais aussi parce qu’elle favorise tout un ensemble de maladies neurologiques Bref, la pollution nuit à la santé des enfants mais aussi à leur avenir.
Un rapport de l’UNICEF, élaboré en collaboration avec Respire, fait le point sur le sujet. En voici quelques extraits qui forment un bien triste florilège. (Téléchargez le si vous voulez en savoir plus sur les conséquences de la pollution sur la santé des enfants).
“Si l’exposition à la pollution de l’air a des effets délétères sur la santé des adultes: troubles respiratoires, cancers, pathologies cardiovasculaires, séquelles neurologiques… elle est encore plus nocive pour les enfants, qui la subissent alors que leur organisme est encore immature.
À chaque inspiration, une quantité de polluants pénètre dans les voies respiratoires et dans les poumons. Les plus grosses particules se collent sur les muqueuses au niveau du nez ou du pharynx, ce qui peut être source d’irritations et d’inflammation. Si ces particules dépassent la barrière de la muqueuse nasale, le corps trouve des moyens de l’éliminer. Or, quand les particules sont plus petites (PM2,5), elles pénètrent plus profondément dans les poumons, où elles entrent dans les bronches et les alvéoles pulmonaires. Elles déclenchent alors des réactions inflammatoires causant des symptômes comme la toux, des expectorations, des essoufflements… Cette inflammation peut déboucher sur des maladies chroniques telles que l’asthme, la bronchite chronique ou la broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO) . Les effets de la pollution de l’air dépendent de plusieurs éléments : la nature des polluants, la dose reçue, les habitudes, mais également la vulnérabilité de la personne. Les seuils de sensibilité ne sont pas les mêmes pour tous.
Selon le Docteur Laurent Nicod, chef du service de pneumologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (Suisse) «habiter à moins de cinquante mètres d’un axe routier augmente le risque de survenue d’asthme de 180%»
L’exposition à des concentrations importantes de polluants est susceptible de réduire les capacités pulmonaires des enfants, et d’entraîner le développement de l’asthme. Une étude britannique récente39 a montré que les enfants entre 8 et 10 ans vivant dans des zones urbaines très polluées risquent une diminution de leurs capacités pulmonaires allant jusqu’à 10%
Les chercheurs estiment que pour toute augmentation de cinq microgrammes par mètre cube de l’exposition aux particules fines pendant la grossesse, le risque de donner naissance à un bébé de petit poids (inférieur à 2 500 grammes pour un enfant né après 37 semaines de grossesse) à terme augmente de 18%.
Des études récentes ont montré que la pollution atmosphérique pourrait jouer un rôle dans le développement de l’obésité et du diabète. Par exemple, l’une d’elles a porté sur des enfants âgés entre 8 et 15 ans, qui étaient exposés à des niveaux élevés de pollution de l’air. Les analyses ont à la fois révélé une diminution de la sensibilité à l’insuline, une baisse de la fonction des cellules-bêta (cellules du pancréas qui produisent l’insuline) et un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé à 18 ans. La pollution de l’air pourrait également être associée à des troubles neurologiques et à la dépression.”