Le préfet vient d’autoriser le redémarrage de l’usine Lubrizol. Cette réouverture, même partielle, nous semble précipitée et fait peser sur la population un risque inacceptable. Elle s’inscrit dans une série de dysfonctionnements dans la surveillance des sites Seveso en France.
Pour l’association Rouen Respire, le redémarrage de l’activité de l’usine Lubrizol de Rouen est précipité. En effet, plusieurs conditions nous semblent manquer à cette réouverture.
1. Les causes de l’incendie de septembre n’ont toujours pas été élucidées. Ce serait pourtant important pour éviter qu’une catastrophe similaire ne se reproduise.
2. Des manquements ont été constatés dans la plan incendie ou le système de confinement des eaux de Lubrizol et dans le stockage de Normandie Logisitique. La préfecture a mis en demeure les entreprises de se mettre en conformité mais ne se donne même pas le temps de vérifier que cela a bien été fait avant d’autoriser le redémarrage.
3. Le dispositif préfectoral d’alerte et de protection a montré ses insuffisances lors de l’incendie du 26 septembre : deux commissions, l’une diligentée par le Sénat, l’autre par l’Assemblée nationale, étudient actuellement ces dysfonctionnements et devraient faire des recommandations. Améliorer ce dispositif est indispensable pour protéger les populations. Il faudrait donc s’assurer que ces recommandations sont bien prises en compte.
Le redémarrage de l’activité de Lubrizol a reçu l’approbation de la DREAL et du CODERST. Toutefois nous considérons que le dispositif d’évaluation et de suivi des risque reste insuffisant et qu’ils ne font pas suffisamment de place aux inquiétudes légitimes des citoyens. La preuve en est que les dispositifs actuels n’ont pas permis d’éviter les accidents précédents et qu’ils n’ont pu que constater a posteriori les anomalies.
Après l’incident de 2013, le tribunal de police de Rouen, avait déjà relevé « une série d’insuffisances dans la maîtrise des risques de la part de la société ». Et pourtant, la préfecture a autorisé en juillet 2019 une augmentation de stockage sur le site sans évaluation des risques – Respire a d’ailleurs introduit un recours devant le tribunal administratif contre cet arrêté. La catastrophe de 2019 a mis en évidence d’autres problèmes – et amené deux mises en demeure.
Au niveau national, la surveillance des sites industriels est manifestement insuffisante. Les incidents auraient même augmenté de 25 % depuis 2016 sur les sites Seveso en France. Aujourd’hui encore, un incendie vient de se produire sur la raffinerie Total au Havre.
Pour conclure, Rouen Respire ne s’oppose pas au redémarrage de l’usine par principe, et nous sommes bien conscients des enjeux économiques de ce redémarrage. Toutefois, les risques importants qui pèsent sur la population et qui ont déjà été mis en évidence par les deux accidents survenus en seulement quelques années, nous amènent à demander des précautions adaptées et donc à ne pas précipiter cette réouverture.