Pacte d’engagement à destination des candidats à la présidentielle : les résultats de la consultation

Accueil E Sensibilisation E Pacte d’engagement à destination des candidats à la présidentielle : les résultats de la consultation

Pacte d’engagement à destination des candidats à la présidentielle : les résultats de la consultation

31/03/2022

Dans le cadre de la campagne présidentielle de 2022, l’association Respire a sollicité l’ensemble des candidats pour connaître leurs engagements et leurs propositions en faveur de l’amélioration de la qualité de l’air. 

La pollution de l’air est en effet un phénomène majeur souvent insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques. La condamnation de la France à deux reprises ces dernières années montre que les mesures existantes sont par ailleurs insuffisantes et doivent être renforcées. 

L’association Respire a ainsi proposé aux candidats à l’élection présidentielle de se positionner sur un ensemble de 20 mesures visant à répondre aux problèmes de court, moyen et long termes posés par la pollution de l’air. La lutte contre la pollution de l’air ne doit pas être portée par des mesures paramétriques ou épisodiques mais doit être portée par une politique publique d’ensemble. Ainsi, les candidats ont été amenés à se positionner sur la protection de la jeunesse, la sortie des véhicules thermiques, le rôle des collectivités territoriales, la réduction des diverses sources de polluants, l’amélioration de la surveillance, le rôle de la recherche publique et le respect des normes européennes et internationales. 

L’association a demandé aux candidats de s’engager totalement ou partiellement sur l’ensemble des mesures préconisées. Nous leur avons également demandé une réponse écrite expliquant comment ils envisagent de les mettre en place. Cette méthode visait à permettre aux candidats d’expliciter leur programme, parfois insuffisamment explicite sur la lutte contre la pollution de l’air. 

Respire a donc évalué les réponses en fonction de l’engagement et de l’aspect concret des plans d’action et stratégies proposés par les candidats, ce qui a pu valoriser la notation de certaines réponses plus que d’autres.

Neuf des douze candidats ont répondu. Seuls Marine Le Pen, Jean Lassalle et Emmanuel Macron n’ont pas répondu malgré les relances de l’association. Nathalie Arthaud n’a pas souhaité être évaluée mais a transmis des éléments de réponse. 

Respire salue la contribution des candidats et de leurs équipes montrant leur prise de conscience sur l’importance d’agir sur la qualité de l’air, quel que soit leur bord politique. 

Cependant, l’urgence à agir n’est parfois pas encore suffisamment prise en compte dans les programmes et les réponses manquent souvent de précision, notamment en termes de plan d’actions, calendrier et budget consacrés à la concrétisation de ces 20 engagements.

Cinq candidats sortent du lot sur la qualité de leurs engagements et la précision de leurs réponses : Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Jean Luc Mélenchon.

Analyse par thème

Protéger la jeunesse

L’ensemble des répondants est naturellement favorable à mieux protéger la jeunesse des impacts de la pollution de l’air. Toutefois, aucun candidat ne s’engage sur une nouvelle loi plus protectrice sur ce sujet. 

Certains candidats insistent plus sur certains aspects : l’apaisement des abords des rues et les zones à faibles émissions (Jadot), des mesures de pollution plus localisées avec des micro-capteurs (Hidalgo), l’accent sur la santé environnementale (Hidalgo, Pécresse, Jadot), le renouvellement de l’air (Jadot, Mélenchon, Pécresse, Zemmour) et la rénovation énergétique des bâtiments (Mélenchon, Roussel).

Encourager l’alternative aux véhicules thermiques individuels

Presque tous les candidats partagent l’ambition de réduire la place de la voiture thermique, de favoriser la transition vers les véhicules électriques, de développer les mobilités douces et les transports en commun. 

Certaines positions ou propositions se distinguent: 

  • Philippe Poutou ne se déclare pas en faveur du développement des voitures électriques
  • Fabien Roussel propose la gratuité des transports en commun urbains 
  • Seuls Valérie Pécresse et Yannick Jadot ont proposé un calendrier précis de sortie des véhicules thermiques :
    • Valérie Pécresse prône la fin de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035 et des hybrides rechargeables neufs en 2040
    • Yannick Jadot prône la fin de la mise sur le marché des véhicules individuels neufs à motorisation thermique, en particulier essence et diesel, au plus tard en 2030. 

Donner des marges de manœuvres aux collectivités 

Certains répondants affirment leur souhait de s’appuyer davantage sur les collectivités territoriales, de mieux les intégrer aux processus de décision et de développer les centres villes. 

Anne Hidalgo insiste sur le travail à mener avec les collectivités, notamment les régions. Yannick Jadot propose la création d’un comité national de suivi des ZFE pour en faciliter la mise en œuvre. Jean Luc Mélenchon propose la création d’un conseil de la planification écologique. Valérie Pécresse propose un grand projet de décentralisation pour donner plus de marges de manœuvre aux collectivités en la matière. 

Réduire les autres sources d’émission de particules fines

Seuls Anne Hidalgo et Yannick Jadot disposent d’un programme détaillant des mesures pour réduire la pollution liée au chauffage au bois, Anne Hidalgo proposant des mesures incitatives au changement des cheminées à foyer ouvert, alors que Yannick Jadot prône l’interdiction d’utilisation pendant les pics de pollution et une utilisation plus éco-responsable. 

A noter que Fabien Roussel mentionne un plan de remplacement des chaudières au fioul. Eric Zemmour souhaite le remplacement progressif des chaudières au fioul par des pompes à chaleur ou des circuits d’eau chaude utilisant des sources géothermiques ou réseaux de récupération de chaleur. 

Sur la réduction des épandages agricoles, les candidats se prononcent en faveur d’une réduction de leur utilisation avec des méthodes différentes :

  • Éric Zemmour souhaite également favoriser la recherche et l’innovation en robotique agricole afin de limiter au maximum le recours aux intrants phytosanitaires
  • Anne Hidalgo propose la mise en place d’un avis opposable des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, et non plus aux seuls préfets
  • Jean-Luc Mélenchon souhaite une interdiction des épandages pendant les épisodes anticycloniques
  • Philippe Poutou insiste sur la  nécessité de préserver les écoles des pulvérisations de pesticides et autres biocides

Améliorer les capacités de surveillance et de communication sur la qualité de l’air 

La quasi totalité des répondants sont favorables à un renforcement des moyens des AASQA, soit au niveau financier, soit au niveau de leurs prérogatives. 

Yannick Jadot est le seul candidat à proposer la mise en place de seuils de déclenchement des pics de pollution et la “mise en cohérence des seuils d’information et d’alerte avec le nouvel indice ATMO”.

Eric Zemmour met en avant sa volonté de favoriser des mesures d’incitations ; ainsi, le renforcement des normes existantes ou les contraintes en termes de mesures de pollution ne figurent pas dans ses priorités.

Encourager la recherche publique

Tous les répondants se prononcent pour l’augmentation des moyens dédiés à la recherche, mais avec des propositions souvent insuffisamment détaillées sur la question spécifique de la recherche sur les conséquences de la pollution de l’air. 

  • Anne Hidalgo propose de déployer avec les AASQA des programmes citoyens pour “analyser et comprendre les sources de pollution de l’air dans les quartiers par la mise en place de micro-capteurs fixes et portables”
  • Yannick Jadot mentionne un CIR vert, destiné à mieux soutenir les projets de recherche visant à décarboner les processus de production, relocaliser certaines activités ou préserver la biodiversité

Promouvoir le renforcement des normes françaises et européennes

Les répondants s’engagent quasi totalement (à l’exclusion d’Eric Zemmour) pour un renforcement des normes et des contrôles sur la pollution de l’air.

Sur l’engagement de rendre obligatoire l’avis du Conseil national de l’air pour tout projet de loi, stratégie nationale, et plan national relatif à la lutte contre la pollution et à l’amélioration de la qualité de l’air, tous les candidats s’y engagent à l’exclusion de Nicolas Dupont Aignan.

Sur la question des normes européennes, il est à noter que Nicolas Dupont Aignan ne s’engage que sur l’alignement des normes européennes sur les recommandations de l’OMS et que Jean-Luc Mélenchon ne s’engage pas sur le contrôle technique des deux-roues motorisés.

Conclusion

Suite à l’évaluation faite par l’association de l’ensemble des candidats, les réponses et engagements de Yannick Jadot sont jugés les plus crédibles car il est le seul candidat à :

  • Aborder la totalité des engagements proposés en faisant la réponse la plus complète et la plus détaillée 
  • Prendre en compte dans ses propositions les enjeux qui peuvent être des freins au politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air : enjeux économique (accompagnement des secteurs industriels dans les transitions), sociaux (politiques en faveur de la formation et de la transition des métiers impactés par les mesures préconisées), politiques (co-construction avec les collectivités et les associations), ce qui rend ses propositions les plus crédibles en termes de capacité de mise en oeuvre 
  • Certaines de ses mesures sont les plus ambitieuses parmi celles proposées (ex. : calendrier ambitieux de sortie du véhicule thermique en France, mesures d’interdiction sur le chauffage au bois polluant, révision des seuils de pics de pollution)

Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Jean Luc Mélenchon sortent également du lot car ils affirment une volonté assumée de réduction de la place de la voiture thermique et individuelle, pour la reconversion vers l’électrique, la promotion des transports en commun et des mobilités douces. Ces candidats proposent également des mesures concrètes, singulières et réfléchies de lutte contre la pollution de l’air, démontrant leur réelle prise de conscience sur ces enjeux. En revanche, leurs propositions pourraient, selon l’association, aller plus loin.

Classement final de Respire :

1 Yannick Jadot
2 Anne Hidalgo
3 Valérie Pécresse
4 Fabien Roussel
5 Jean-Luc Mélenchon
6 Philippe Poutou
7 Eric Zemmour
8 Nicolas Dupont-Aignan
NC Nathalie Arthaud, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron

Retrouvez ci-dessous les réponses des candidats :

La réponse de Philippe Poutou

La réponse de Nathalie Arthaud

La réponse de Nicolas Dupont Aignant

La réponse d’Anne Hidalgo

La réponse de Yannick Jadot

La réponse de Jean-Luc Mélenchon

La réponse de Valérie Pécresse

La réponse de Fabien Roussel

La réponse d’Eric Zemmour

À lire également

En route vers l’écomobilité scolaire

Depuis quelques décennies, une tendance inquiétante se dessine : la diminution significative des déplacements actifs des enfants, tels que la marche...

> tous les articles