Pollution de l’air : en finir avec les particules fines issues du freinage !

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Les émissions dues au freinage des véhicules sont une source de pollution méconnue. Elles sont pourtant un enjeu essentiel pour la santé et la pureté de l’air auquel il est urgent de trouver des solutions, estime Tony Renucci dans une tribune pour Les Echos 

Une source de pollution méconnue

Chaque année, près de 40 000 personnes meurent prématurément à cause de la pollution de l’air et des particules fines. Sans même s’en rendre compte, les citoyens inhalent chaque jour de grandes quantités de particules en suspension qui peuvent être à l’origine de nombreuses pathologies respiratoires, neurologiques ou encore cardiaques. C’est donc un véritable enjeu de santé publique, qui préoccupe fortement près de deux tiers des Français.

En ville, les transports jouent un rôle de premier plan dans l’émission de particules fines. Mais si les pots d’échappement des véhicules thermiques sont souvent pointés du doigt, ils sont loin d’être les seuls responsables. Car en réalité, c’est plutôt l’usure liée au freinage, notamment la dégradation des disques de freins, qui représente, avec celle des pneus, la majorité des émissions de particules fines du trafic routier, comme le rappelle une étude de l’OCDE. Le phénomène est d’autant plus prégnant qu’il concerne aussi les voitures électriques, souvent plus lourdes que les voitures à essence, et les plus gros véhicules comme les autobus, les camions, les métros ou les trains.

Des mesures encore insuffisantes

Plusieurs solutions, encore trop peu exploitées, s’offrent à nous pour lutter contre ces émissions de particules fines. Au niveau de l’accès à l’information, d’abord : dans certaines grandes villes, comme Séoul, des panneaux lumineux affichent le degré de pollution de l’air en temps réel. Nous pourrions nous inspirer de cette initiative, et pourquoi pas proposer l’affichage en direct des niveaux de concentrations de particules fines, dans l’espace public mais aussi par exemple à l’intérieur des véhicules.

Au niveau réglementaire, ensuite, même si les décideurs publics ont tardé à se saisir du sujet. En fin d’année dernière, la Commission européenne présentait ainsi un projet de règlement pour la prochaine norme « Euro 7 » afin de limiter les émissions des véhicules neufs, prenant notamment en compte, pour la première fois, la pollution liée au freinage. Or sans volontarisme politique à Bruxelles et en France, cette norme pourrait pourtant se révéler beaucoup moins ambitieuse qu’annoncée. Nous avons pourtant les moyens technologiques de faire bien mieux que le plafond imposé, et l’échéance de 2035 qui fixe une limitation crédible des émissions des voitures est beaucoup trop tardive. Sans compter qu’il y a souvent un monde entre l’imposition d’une norme et son application, et qu’aucune limite n’a encore été proposée pour les véhicules lourds.

Développer notre filière industrielle

Enfin, il est crucial d’encourager l’adoption par les acteurs économiques d’innovations pour répondre à ces nouvelles régulations. Améliorer le frein régénératif sur les véhicules électriques, ou modifier la composition des plaquettes de frein, ce qui a déjà été fait par le passé pour en retirer l’amiante, en sont des exemples pertinents sans être pour autant des solutions miracle. Nous pourrions également imaginer installer des filtres à particules fines pour les capter à la source directement au contact des freins : une telle innovation existe déjà et permettrait d’atteindre beaucoup plus vite nos objectifs de réduction d’émissions. Développer davantage cette technologie serait une formidable opportunité pour faire émerger une filière industrielle française et européenne, créer de nouveaux emplois et réinventer durablement la mobilité de demain.

En 2015, le dieselgate avait mis au grand jour les astuces frauduleuses de certains grands constructeurs pour tromper les normes d’émission de gaz polluants : face à la pollution des particules de freins, à nous de ne pas recréer les conditions d’un nouveau scandale.



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