Les « rues aux écoles » à Paris, qu’est-ce que c’est ?
Le dispositif parisien “Rue aux écoles” a été inspiré par la notion de “rue scolaire”, concept forgé initialement à la fin du XXe siècle en Italie, avant d’être amplement développé et popularisé à partir de 2012 en Belgique. Fort de ce succès, la notion a été intégrée au code de la route belge en 2018 mais il diffère complètement de la version implémentée par la mairie de Paris. Le plus souvent, le terme de “rue scolaire” renvoie en effet à une fermeture temporaire de la voirie à la circulation motorisée, limitée aux horaires d’entrée et sortie scolaire, environ une heure par jour.
Les rues scolaires sont donc rarement associées au réaménagement de la voirie comme c’est le cas à Paris, où le dispositif vise en priorité la piétonnisation pérenne des rues, auquel cas la fermeture à la circulation s’accompagne systématiquement de transformations de la voirie. Changement de revêtement au sol, ajout de mobilier urbain et végétalisation permettent ainsi de modifier structurellement les usages de la rue tout en s’inscrivant dans une stratégie de résilience urbaine face au dérèglement climatique.
Néanmoins, face aux contraintes techniques inhérentes à une ville bâtie pour la circulation automobile, il existe différentes versions alternatives du dispositif, adaptées aux spécificités de chaque rue concernée.
Les modèles “type”
1) Les rues fermées en permanence à la circulation non aménagées (phase 1)
Lorsqu’une rue est sélectionnée pour devenir rue aux écoles, une première phase transitoire a généralement lieu, pendant laquelle la rue est fermée à la circulation via la pose de barrières. Des panneaux “Aire piétonne” sont ajoutés, des marquages blancs sont peints au sol et les anciennes places de stationnement sont neutralisées. Cette phase transitoire est vouée à être pérennisée dès que possible avec des aménagements plus conséquents.
Ce type de rue est efficace pour couper la circulation car il est rapide et nécessite peu de budget. A Respire, nous plébiscitons ce type de rues, avec toutefois quelques aménagements tactiques qui rendent la rue plus agréable, car cela permet la démultiplication du dispositif qui peut ainsi bénéficier à une plus large population.
Rue des Tourelles, 20e, ©Respire septembre 2023
Rue Surmelin, 20e, ©Respire septembre 2023
2) Les rues fermées en permanence à la circulation et entièrement aménagées (phase 2)
Dans un second temps, les rues transitoires font l’objet d’aménagements beaucoup plus lourds et longs. A cette occasion, le revêtement au sol est changé par un enrobé clair visant à participer au rafraichissement de la rue. A noter que la chaussée est alors rehaussée au niveau du trottoir, qui disparaît au profit d’une placette entièrement à niveau.
Un autre aspect important est celui de la végétalisation, très prégnant dans le dispositif, qui conditionne souvent le choix des projets. Les carrefours sont également sécurisés, en y retirant les places de stationnement situées devant les traversées piétonnes par exemple. Ponctuellement, des marquages ludiques au sol et du mobilier plus élaboré (bancs, fontaines) sont ajoutés.
A noter que ces rues aux écoles sont des espaces où la circulation générale est interdite, mais elles restent aménagées pour la circulation des véhicules de secours et de propreté, ainsi que d’éventuels riverains ayant besoin d’accéder à leurs garages. Cela explique qu’il est proscrit d’y faire des aménagements plus “lourds”, comme de véritables aires de jeux ou des squares.
Rue Sommerard, 5e, ©Respire septembre 2023
Rue Amelot, 11e, ©AlexandreD septembre 2023
Les modèles alternatifs
1) Rues ouvertes à la circulation de tous ou une partie des véhicules
Aires piétonnes ouvertes
Elles correspondent à un statut juridique qui permet de restreindre la circulation à la desserte locale (riverain-es et logistique). Elles n’interdisent donc pas complètement la circulation mais la restreignent très fortement, à condition d’être suffisamment aménagées pour cela. Ces aménagements peuvent être le changement de revêtement au sol, la suppression des stationnements et passages piétons, le rehaussement de l’entrée de rue avec dallage ou pavage permettant de signaler le caractère piéton, une végétalisation, l’élargissement des trottoirs, une mise en impasse etc.
A la différence des rues aux écoles “modèles”, les aires piétonnes ouvertes à Paris n’ont aucune “doctrine” d’aménagement spécifique à suivre, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune règle qui rend certains aménagements obligatoires. Cela explique les disparités qualitatives entre les différentes aires piétonnes dans toute la ville.
Rue de Moscou, 8e, ©Respire octobre 2023
Rue Gustave Doré 17e, ©Respire octobre 2023
Rue Jacquier, 14e, ©Respire octobre 2023
Zones de rencontres
Elles correspondent à un statut juridique permettant d’apaiser une rue en y contraignant la circulation à 20 km/h, avec la priorité accordée aux piétons sur tous les autres modes, sans aucune restriction de circulation.
L’aménagement consiste généralement a minima à mettre des panneaux de signalisation “Zone de rencontre”, des marquages au sol et à supprimer les passages piétons car, par définition, les piéton-nes peuvent traverser partout. Dans les faits, ces zones sont peu respectées car encore peu connues par les automobilistes : là-encore, les aménagements doivent être suffisamment “crédibles” pour signaler le caractère apaisé de la rue.
Rue Guillaume Apollinaire, 6e, ©Respire novembre 2023
Les rues fermées temporairement à la circulation
Ce sont les rues scolaires au sens “classique”, comme en trouve partout en Europe. Il en existe très peu à Paris. Elles sont à l’initiative des parents d’élèves et gérées par eux ou par le personnel d’école volontaire pendant les horaires de sortie et entrées scolaires.
Rue Martel, 10e, ©Benoît Derouet mai 2023
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