La qualité de l’air est probablement l’une des premières inquiétudes sanitaire et environnementale de ce nouveau siècle. Les médias en parlent de plus en plus. Et pour cause. Nous en respirons environ 15000 litres par jour. Il y a donc bien des raisons de se soucier de ce qui passe par notre bouche et notre nez pour aller directement dans notre machine à respirer, les poumons. La qualité de l’air, on pourrait dire que c’est son niveau de propreté. Pour le connaître, il faut savoir ce qui s’y passe. Pour savoir ce qui s’y passe, ils y a des gens qui observent, mesurent, modélisent, informent et prennent des décisions en fonction de tout ça et des normes qui ont été décidées.
A partir de cette page, nous tentons de vous guider pas à pas pour tout savoir sur la qualité de l’air. Ce sujet est certes complexe, mais il n’est pas compliqué. Quand nous avons fondé Respire, nous sommes partis de zéro. Mais à force de lire, nous avons commencé à comprendre. Cliquez sur les liens que vous rencontrez et laissez vous entraîner vers les nombreuses pages de ce site. Vous en connaissez un rayon sur l’air ? Faites nous part de vos remarques, améliorez le contenu de notre site. Nous ne sommes que de simple citoyens en auto-formation.
Observation de la qualité de l’air
Si on schématise, il y a sur notre belle planète plusieurs “compartiments”. La terre, l’eau et l’air. En ce qui concerne l’air, c’est un mélange de gaz (diazote, dioxygène, argon, dioxyde de carbone, etc.). Normalement, on ne le voit pas et on ne le sent pas. Ce mélange de gaz qui entoure la terre s’appelle l’atmosphère. Comme on peut le voir tous les jours, l’atmosphère est toujours différent. La météorologie nous renseigne sur les phénomènes atmosphériques, c’est à dire ses mouvements, le taux d’humidité, la pression, la température. On comprend, avec tous ces paramètres, la formation des nuages, la pluie, etc.
Pour comprendre les variations de la qualité de l’air, il est important de comprendre les variations de l’atmosphère. On observe, même sans appareil, les modifications de la qualité de l’air. Par exemple, cet atmosphère put changer de couleur en fonction de la présence élevée de certains gaz, comme le dioxyde d’azote. L’opacité augmente avec le taux de particules fines dans l’air. L’odeur est plus ou moins forte en fonction de la présence d’arômes dégagés lors de combustion, qu’il s’agisse de fuel, de bois ou de carburant.
L’observation est complétée par la mesure. La métrologie de la qualité de l’air est une activité qui mobilise beaucoup d’acteurs en France, avec des appareils de plus en plus sophistiqués.
Mesure de la qualité de l’air
Les polluants de l’air sont très nombreux car ils recouvrent à peu près tout ce que les activités humaines ont crée de molécules de synthèses, à l’état brut, transformées ou brûlées, sous forme de gaz ou de particules de matières. L’air n’a plus rien de pur, malheureusement. Il contient un mélange très complexe de tous ces polluants, à des concentrations variables en fonction de l’endroit où l’on se trouve et de la saison. En France où à l’étranger. A la campagne ou à la ville. En été ou en hiver. Proche de la côte, dans une cuvette ou en altitude. Près d’activités économiques tertiaires ou industrielles.
https://www.respire-asso.org/les-principaux-polluants-de-lair/
En France, ceux à qui l’État à demandé officiellement de mesurer la qualité de l’air sont des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA). Elles sont regroupées au sein d’un réseau, ATMO, et sont au cœur du système de Surveillance de la qualité de l’air, qui comprend des laboratoires de recherches autour de ces questions de mesures, tels que l’Ineris, le Laboratoire National de métrologie et d’Essais et Mines Douai. Elles envoient leurs données au Centre Interprofessionnel Technique d’Etude de la Pollution Atmosphérique (CITEPA), qui lui même les envoie au Ministère de l’Environnement. Tout est centralisé au niveau Européen par l’Agence Européenne de l’Environnement.
Comment mesure-t-on la qualité de l’air ? Avec des appareils de mesures, souvent polluant par polluant. Avec des technologies à base de laser, de chimiluminescence, d’ionisation de flamme et bien d’autres encore. Ces appareils sont disposés sur le territoire, proche du traffic (stations de proximité), loin du trafic (stations de fonds) et proches de zones industrielles à surveiller particulièrement. Ces appareils transmettent les données de concentrations et chaque AASQA les mettent en ligne sur leur site Internet, à la disposition du grand public. Pour faire plus simple, toutes ces données sont compilées en une échelle de valeur de 0 à 100 et colorée de bleu à rouge, appelée Indice ATMO.
https://www.respire-asso.org/les-indices-de-qualite-de-lair/
Nous avons parlé de pollution de l’air extérieur. Mais il est très important aussi d’aborder la pollution de l’air intérieur. Nous restons la plupart de la journée au sein de lieux confinés, dans lesquels le mobilier, les peintures, les produits d’entretiens sont autant de sources de diffusion de pollution. Différente de la pollution de l’air extérieur, elle n’en est pas moins nocives. Les molécules qui s’échappent et se volatilisent dans l’air sont souvent de synthèse, comme les Composés Organiques Volatils (COV). Il existe un Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur, très fourni en étude sur ce sujet.
Dans les grandes agglomérations qui proposent des lignes de métros souterraines, là aussi il y a matière à s’exposer à de fortes concentrations de polluants. Le risque principal est associé aux particules fines issues du freinage des rames. L’érosion des plaquettes de freins libèrent dans les enceintes une forte quantité de particules métalliques, dont les effets sur la santé sont importants. La pollution de l’air dans le métro est donc un enjeu crucial pour les opérateurs locaux.
https://www.respire-asso.org/quel-air-respire-t-on-dans-le-metro/
Modélisation de la qualité de l’air
La modélisation, déjà pour comprendre, c’est la construction d’un modèle, à partir de données réelles, qui permet d’analyser des phénomènes réels et de prévoir les résultats à venir. A quoi sert la modélisation de la qualité de l’air, si on a déjà des stations pour la mesurer ? Et bien justement parce qu’il n’est pas faisable de mettre une station de mesure de la qualité de l’air tous les mètres, dans toutes les rues et de manière générale, en tout point du territoire. Donc pour savoir quel est le niveau de pollution entre deux stations de mesures, on a recours à des modélisations.
Effectuées par des ordinateurs puissants, à partir de paramètres connus (souvent eux-mêmes modélisés), on peut obtenir des images avec les dégradés de couleurs qui nous indiquent les différents niveaux de pollution. La modélisation de la qualité de l’air prend en compte les sources de polluants connues sur un territoire, la température, la pression, le taux d’humidité, les niveaux de précipitations, la vitesse et la direction des vents (modèles de météorologie), l’ensoleillement, les modèles de dispersion des polluants en fonction de leur nature (particules fines, gaz).
Vous pouvez voir à quoi ressemble une modélisation de la qualité de l’air sur les sites des AASQA, comme Air Parif, de Prev’air ou Esmeralda (oui leur site est moche), ou bien de sociétés comme Aria Technologies.
Effets sur la santé
Nous n’aurions pas fondé Respire s’il n’y avait pas ce problème de l’impact sur la santé. La pollution de l’air a un impact significatif sur notre santé, sur des fonctions vitales multiples, à des degrés très différents en fonction des niveaux de pollution et de la fragilité des personnes.
Les études sur le lien entre pollution de l’air et impact sanitaires sont très nombreuses, au niveau international et au niveau national. Certaines d’entre elles existent depuis plus de 40 ans. D’autres, plus récentes, ont été menées sur plusieurs années, comme Aphekom. Les effets sur la santé sont connus sur le système nerveux, le système respiratoire, le système cardiovasculaire et le système hormonal. Nous avons dédié une rubrique entière sur les effets de la pollution de l’air.
https://www.respire-asso.org/effets-sur-la-sante/
Même si les études scientifiques sont nombreuses, les publications de l’Organisation Mondiale de la Santé à partir de 2012 ont enfin ancré une position définitive dans le débat sur les effets cancérogènes du diesel, puis de la pollution de l’air.
https://www.respire-asso.org/diesel-les-gaz-dechappement-classes-cancerogenes-par-loms/
Règlementation de la qualité de l’air
La législation sur la qualité de l’air est inscrite au niveau européen, avec la Directive Cadre sur l’Air de 2008. D’un côté, elle provient des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui préconise des valeurs limites à ne pas dépasser pour les polluants majoritaires. Elle s’applique à tous les pays, par transposition. La loi sur l’air de 1996 instaure les base de notre règlementation sur l’air en France, mise à jour par le code de l’environnement et la loi portant engagement national pour l’environnement.
Des arrêtés et décrets viennent ensuite définir les notions d’indice de qualité de l’air, les modalités de surveillance, les objectifs de qualité de l’air, les valeurs limites, les seuils d’information et d’alerte, le fonctionnement des AASQA.
Économie et qualité de l’air
Pourquoi cette rubrique ? Simplement parce que dans toute pensée contemporaine qui s’adresse à des élus, la notion d’économie est importante. Même, elle doit selon nous être enrichie d’une notion qui n’est encore que trop peu appréciée: les externalités négatives. Pour résumer, ce sont toutes les dépenses non imputables à celui qui utilise ou produit quelque chose mais qui doivent être payées en conséquences par d’autres que lui, nous tous, État, mairie, entreprises (au final nous les citoyens en partie). Nous appelons ça les externalités négatives de la pollution de l’air, ou les coûts cachés de la pollution de l’air.
Un exemple pour comprendre. Quelqu’un brule ses déchets à l’air libre, en campagne, proche d’habitations. C’est interdit, mais c’est un sport national chez nous. Si des personnes doivent aller chez le médecin parce qu’elle ont la gorge qui gratte, les sinus bouchés ou même plus grave, un problème d’arythmie du cœur, et bien les dépenses de santé seront payées par la sécurité sociale et non par celui a brulé ses déchets. S’il se peut qu’une de ces personnes soit malade au point de ne pas pouvoir aller travailler dans son entreprise, c’est cette dernière qui va en partie en subir les conséquences. Résultat de l’histoire. Un simple brulage de déchet en plein air à couté zéro à son auteur mais peut-être plusieurs centaines voire milliers d’euros à la société.
L’évaluation monétaire des impacts économiques d’une mauvaise qualité de l’air est une approche qui trouve en France quelques institutions relativement bien connues. Cet exercice a été mené à deux reprises par le Conseiller Général au Développement Durable (CGDD) fin 2013, sur le coût de la pollution de l’air sur la société et sur la sécurité sociale en particulier, puis par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) sur les coûts de qualité de l’air intérieur. En 2015, une étude socio-économique de l’INSERM à confirmé les chiffres du CGDD à propos des coûts sur la sécurité sociale de la pollution de l’air, ainsi qu’une Commission d’enquête menée par le Sénat. Une étude l’OMS, menée entre 1996 et 2000 a tenté de chiffrer les coûts sur la santé de la pollution de l’air attribuable aux transports. Au niveau européen, en 2009, l’Agence Européenne de l’Environnment a réalisé une étude sur le coût de la pollution de l’air imputable aux sites industriels.
https://www.respire-asso.org/le-prix-dune-partie-de-la-pollution-de-lair-en-europe-169-milliards-deuros/
Il est également à noter ici que des niches fiscales en faveur de contributeurs importants à la pollution de l’air sont à déplorer. On pensera à la niche fiscale diesel, mais également au système du bonus malus mis en place par l’Etat.
Politiques publiques et qualité de l’air
Malheureusement, l’action politique et publique en faveur de la qualité de l’air souffre de procrastination. C’est à dire que l’Etat remet à plus tard les actions de corrections et n’agit que sous les pressions multiples des acteurs de la société civile et de la Commission Européenne. Pourquoi ? Nous pensons qu’il y a un réel déficit d’attention concernant les liens entre environnement et santé. C’est à dire comment un cadre de vie pollué, notamment par le chimie présente partout dans nos vies, impacte notre santé et participe à ce que l’on pourrait appeler une épidémie de maladies chroniques (cancers, maladies neurodégénératives, diabètes, etc.). Il a fallut batailler pour pouvoir s’assoir à la table de la première Conférence Environnementale.
La France est en infraction depuis plusieurs années concernant les valeurs limites de particules fines (PM10) et de dioxyde d’azote (NO2). En atteste le classement de la qualité de l’air des 100 plus grandes villes européennes que nous avons réalisé à partir de la base de données européenne Airbase.
Respire est d’ailleurs née de ce constat simple : il existe des lois pour contenir des niveaux de concentrations inférieur au seuil de risque sanitaire, il existe des centaines d’études scientifiques implacables sur le lien entre pollution de l’air et conséquences sanitaires, les coûts évalués de cette pollution se chiffrent en milliards chaque année, mais il existe pourtant si peu d’actions en faveur d’un air de qualité et manifestement peut de volonté afficher de traiter le problème.
Les pollutions industrielles des sites classés ICPE sont monnaies courantes et les autorités compétentes sont régulièrement mise en défaut pour les en empêcher. Trop peu de moyen sont alloués à la police de l’environnement (DREAL). La fiscalité avantageuse sur le diesel a déséquilibré le parc automobile en faveur de cette motorisation et le bonus malus l’a conforté, en dopant les ventes de véhicules qui émettaient un peu moins de CO2. L’affaire Volkswagen a finit de montrer que les technologies diesel sont arrivées au bout de leur possibilité et que le système d’homologation nous a trompé depuis de nombreuses années.
Face aux injonctions de la Commission Européenne, l’État Français hors la loi concernant les concentrations excessives de PM10 et de dioxyde d’azote, à réagi en proposant des plans d’action pour l’air. On notera les tentatives des Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air (ZAPA) ou les Zones de Restriction de la Circulation (ZRC), les Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA), la circulation alternée, les vignettes pour catégoriser les véhicules les plus polluants.
https://www.respire-asso.org/cohabitation-usine-et-voisinnage/
https://www.respire-asso.org/levaluation-monetaire-pour-exprimer-les-effets-de-la-pollution-de-lair-autour-dune-valeur-commune/
https://www.respire-asso.org/levaluation-monetaire-pour-exprimer-les-effets-de-la-pollution-de-lair-autour-dune-valeur-commune/