Appel à repenser nos espaces pour la sécurité de nos petits piétons

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Appel à repenser nos espaces pour la sécurité de nos petits piétons

07/02/2024

Les alentours des écoles représentent un danger potentiel pour nos enfants, qui, en raison de leur petite taille et de leur comportement imprévisible, sont plus vulnérables sur les routes. Les écoles, souvent situées près de voies de circulation, sont des points de convergence pour une multitude de moyens de transport tels que voitures, deux-roues, bus, vélos, trottinettes, etc. Les piétons, notamment les enfants, se retrouvent exposés aux voitures et aux véhicules, surtout aux heures d’entrée et de sortie des classes où le trafic atteint son pic.

Aujourd’hui, ces espaces ne sont pas adaptés aux besoins des enfants. Ils sont conçus pour optimiser la circulation, et sont souvent axés sur la prédominance de la voiture. Selon des études sociologiques, dans les années 1950, les enfants avaient une autonomie d’environ 4 km autour de leur domicile. Dans les années 1990, ce chiffre est passé à 400 mètres, et aujourd’hui, il est quasiment à zéro. Les enfants en ville sont principalement accompagnés par leurs parents, réduisant ainsi leurs espaces dédiés pour se déplacer, jouer et socialiser. Les enfants ont ainsi perdu en autonomie, au fil des décennies.

Pourquoi les zones scolaires posent-elles des défis en termes de sécurité routière?

L’enfant : un piéton fragile

Avant l’âge de 10 ans, les enfants n’arrivent pas à se débrouiller seuls dans la circulation. Leur petite taille les rend invisibles derrière les véhicules en stationnement, et leur vision limitée les rend moins aptes à percevoir les dangers. De plus, leur champ visuel se restreint à environ 70°, comparé aux 180° d’un adulte.

De ce fait, il est important de comprendre que l’enfant ne perçoit pas l’espace de la même manière qu’un adulte ce qui le rend particulièrement vulnérable.

Les trajets scolaires, une zone à risque

Selon l’institut Vias, près de 4 enfants sur 10 impliqués dans un accident avec tués ou blessés le sont sur le chemin de l’école en Belgique. Deux tranches d’âge sont particulièrement à risque : entre 11 et 12 ans, le risque d’être impliqué dans un accident augmente de 80%, tandis qu’entre 15 et 16 ans, la hausse est de plus de 60%. La sortie des classes est plus dangereuse que le début des cours, avec un tiers de victimes en plus. En France, chaque année, environ 2 500 enfants ou adolescents sont victimes d’un accident de la circulation en tant que piétons.

La vitesse : facteur majeur des accidents

La vitesse apparaît comme un facteur déterminant de la sécurité routière, comme l’illustre une étude du Cerema portant sur la généralisation de la vitesse à 30 km/h à Grenoble dès 2016, dont les résultats publiés en 2020 indiquent une baisse significative de 24 % du nombre d’accidents impliquant des piétons et de 31 % pour ceux impliquant des deux-roues motorisés. Par ailleurs, l’Association de Prévention routière avance que le passage de 50 à 30 km/h pourrait réduire de 82 % le risque de blessures en cas de collision avec un piéton.

Une enquête menée par le Nouvel Observatoire des Risques Routiers révèle que plus de 9 Français sur 10 soutiennent les réductions de vitesse aux abords des écoles. Cependant, malgré cet appui massif, 74% avouent avoir du mal à respecter la limitation à 30 km/h. Ainsi, la vitesse constitue un facteur critique, et la sensibilisation des conducteurs à adapter leur conduite est essentielle pour la sécurité des enfants.

Repenser nos abords d’écoles

Ainsi, il est important de repenser nos espaces urbains pour assurer la sécurité des enfants. Des aménagements de sécurisation doivent viser à protéger les piétons, tant sur les trottoirs que pour la traversée des routes, et à sensibiliser les conducteurs à adopter une conduite responsable.

Dans cette perspective, l’objectif des rues aux écoles est d’assurer la sécurité des enfants au moment de leur rentrée et de leur sortie de l’école.

Ces espaces publics peuvent être temporaires ou permanents, avec des règles variables concernant la limitation de vitesse, le stationnement, et surtout la place du piéton dans ces espaces. Pour concrétiser cette vision, différents dispositifs peuvent être mis en place, transformant nos espaces urbains en environnements plus sécurisés pour nos petits piétons.

1. Passages protégés : les passages protégés, clairement définis et signalisés, offrent des zones sécurisées. Des marquages au sol distinctifs et une signalétique adaptée attirent l’attention des conducteurs, informant sur la proximité d’écoles, renforçant ainsi la sécurité aux abords des écoles. Par ailleurs, depuis la loi LOM de 2019, il est obligatoire de neutraliser les places de stationnement situées 5 mètres en amont des passages piétons (par exemple en les végétalisant ou en y mettant des arceaux vélo) pouvant en gêner la visibilité (consulter cette fiche Cerema pour plus d’informations). 

Places de stationnement neutralisée, rue Sommerard, Paris 5 © Photo Respire, septembre 2023

2. Ralentissement de la circulation : parallèlement, des dispositifs physiques tels que les ralentisseurs, les chicanes, et l’utilisation de pavés, comme les dos d’âne, contribuent à réduire la vitesse des véhicules. Ces aménagements imposent une déformation inconfortable lors du passage, incitant ainsi les conducteurs à ralentir. Les chicanes introduisent des changements directionnels, forçant également les conducteurs à être plus attentifs.

Rue Moscou Paris8

Chicane, rue Moscou, Paris 8 © Photo Respire, octobre 2023

3. Éloignement de la circulation : l’intégration de bacs de plantation directement dans la voirie, à la place des places de stationnement par exemple, offre une double fonctionnalité. Ces dispositifs embellissent l’environnement urbain tout en renforçant la sécurité en éloignant la circulation de l’école, créant des espaces agréables et sécurisés supplémentaires pour les piétons.

Rue Jean Dolent, Paris 14

Agrandissement et végétalisation du parvis devant l’école, rue Jean Dolent, Paris 14 © Photo Respire, novembre 2023

4. Priorité aux piétons : donner une place privilégiée aux piétons est essentiel. Pour cela, les plateaux surélevés, positionnés aux passages piétons, permettent d’inciter les automobilistes à ralentir et à respecter les vitesses réglementaires. En élargissant les trottoirs, notamment aux abords des écoles, davantage d’espace est offert aux piétons, réduisant ainsi le risque de collisions avec les véhicules.

Rue Rochechouart, Paris 9

Plateau piétonnier, rue Rochechouart, Paris 9 © Photo Respire, décembre 2023

5. Zones de rencontre : les zones de rencontre sont des espaces apaisés limitant la vitesse à 20 km/h, donnant la priorité aux piétons tout en autorisant la circulation des véhicules. Ils favorisent une coexistence harmonieuse entre les différents usagers de la route, à condition qu’ils soient correctement aménagés pour bien signaler leurs présences (signalétique horizontale et verticale, pavés, chaussée relevée au niveau du trottoir etc). Introduites en 2008 dans le code de la route français, les zones de rencontres sont en effet encore méconnues du grand public et particulièrement des automobilistes.

Rue du Docteur Magnan, Paris 13

Marquages et panneau de zone de rencontre, rue du Docteur Magnan, Paris 13 © Photo Respire, novembre 2023

6. Fermeture temporaire des voies : pour garantir une sécurité maximale aux heures d’entrée et de sortie des écoles, la fermeture temporaire des voies par des barrières peut être mise en place. Ces barrières peuvent être gérées par un agent de la Ville ou intercommunalité, ou par les parents volontaires directement lorsque l’initiative émane d’eux. Cette stratégie restreint l’accès aux voitures, créant ainsi un environnement piétonnier sécurisé.

Rue Martel, Paris 10, Crédit photo Benoît Derouet Amis de la Terre Paris

Fermeture temporaire, rue Martel, Paris 10 © Photo Amis de la Terre Paris – Benoît Derouet, mai 2023

Repenser nos abords d’écoles avec ces dispositifs représente une avancée significative vers la création d’un environnement urbain plus sûr et adapté aux besoins spécifiques des enfants. Prioriser la sécurité des enfants dans nos zones urbaines permettrait de favoriser des espaces dédiés à leur autonomie, leurs déplacements et leur épanouissement.

Vous souhaitez agir pour améliorer la sécurité routière à proximité d’une école ou autre équipement public ? 

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