En route vers l’écomobilité scolaire

Depuis quelques décennies, une tendance inquiétante se dessine : la diminution significative des déplacements actifs des enfants, tels que la marche et le vélo, pour se rendre à l’école. Cette évolution, mise en lumière par le rapport sur l’activité physique et la sédentarité chez les enfants et les adolescents publié en 2018, soulève des défis majeurs, tant sur le plan de la santé publique que de l’environnement. En effet, en France, au cours des 30 dernières années, la proportion d’enfants et d’adolescents se rendant à pied à leur établissement scolaire est passée de 52,1% à 32,3%, soit une baisse de 20 points.

  • 1990 52.1% 52.1%
  • 2018 32.3% 32.3%

Pourquoi l'écomobilité ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 15 millions de déplacements scolaires sont effectués chaque jour de la semaine par plus de 10,3 millions de jeunes âgés de 6 à 18 ans en France. Selon le sondage de l’Unicef en 2020, 70% des parents qui accompagnent leur enfant à l’école ou la crèche utilisent au moins de temps en temps la voiture et 47% indiquent même qu’il s’agit du mode de transport qu’ils utilisent le plus souvent. Ces données, issues de l’Enquête Mobilité des personnes en 2019, démontrent l’ampleur du phénomène et la nécessité d’agir. 

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des parents utilisent de temps en temps la voiture

Le concept d’’écomobilité scolaire apparaît comme une alternative prometteuse en permettant de repenser les déplacements entre le domicile et l’école, avec pour objectif principal de réduire l’usage de la voiture. En favorisant les modes de transport actifs et les transports collectifs, elle contribue à limiter les émissions de CO2, à préserver la qualité de l’air et à apaiser l’espace public. De plus, elle favorise l’activité physique chez les enfants, cruciale pour lutter contre la sédentarité et ses conséquences sur la santé. D’autant plus que chez les jeunes de moins de 15 ans, plus de la moitié des déplacements font moins de 2 km, offrant ainsi une opportunité idéale d’intégrer de l’activité physique dans leur quotidien.

Les Enjeux de l'écomobilité scolaire

Environnement :

L’écomobilité scolaire participe activement à la réduction des émissions de CO2 et à la préservation de l’air en limitant l’usage de la voiture. En effet, le trafic routier est responsable de 63% des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et, 15% des émissions de particules (notamment les PM10). Rappelons que le transport reste le plus important secteur émetteur de CO2 avec 30% des émissions, dont 51% produites par la voiture. Elle contribue également à apaiser la ville et à améliorer le partage de l’espace public, crucial dans un contexte urbain où la densité de circulation est élevée.  Ainsi, encourager les mobilités actives dès le plus jeune âge devient une nécessité impérieuse pour garantir un avenir durable.

Santé :

La promotion des déplacements actifs chez les enfants est essentielle pour lutter contre la sédentarité, l’obésité et les maladies cardiovasculaires. Malheureusement, de nombreux jeunes ne parviennent pas à atteindre les recommandations en matière d’activité physique (60 minutes d’exercice par jour), comme le souligne l’Organisation Mondiale de la Santé. En France, l’étude “Esteban” réalisée par Santé publique France confirme que la majorité des enfants et des adolescents (72% des garçons et 82% des filles) ne respectent pas ces recommandations. Cette situation accroît les risques de maladies chroniques à l’âge adulte, faisant de la promotion de l’écomobilité scolaire une priorité de santé publique. A ces risques sanitaires s’ajoutent ceux de la pollution de l’air, qui accroît par exemple jusqu’à quatre fois le risque de troubles dépressifs majeurs chez les enfants.

Sécurité :

L’écomobilité scolaire contribue à rééquilibrer le partage de l’espace public en faveur des piétons et des cyclistes, tout en favorisant le développement de l’autonomie des enfants. Avec 7 parents sur 10 exprimant leur inquiétude quant à la possibilité que leur enfant soit victime d’un accident de la route en se rendant à son établissement, et 69% des parents se préoccupant du risque d’agression physique ou verbale lors des trajets scolaires, cette approche prend une importance capitale. En limitant la circulation motorisée aux abords des écoles, elle diminue les risques d’accidents et d’agressions, répondant ainsi aux préoccupations majeures des parents concernant la sécurité de leurs enfants sur le chemin de l’école.

Cadre de vie :

En favorisant les modes de transport actifs, l’écomobilité scolaire contribue à réduire les nuisances liées à la circulation routière, telles que le bruit et le trafic. En effet, comme le montrent les recherches de Cairns, Atkins et Goodwin en 2001, qui ont analysé 70 cas de réaffectation de l’espace routier, les résultats ont été plus positifs que négatifs. Sur 63 zones étudiées, 51 ont connu des réductions de trafic allant jusqu’à 147 %, avec une diminution moyenne de 22 %. Ainsi, en promouvant l’écomobilité scolaire, non seulement nous favorisons des déplacements plus durables et respectueux de l’environnement, mais nous contribuons également à améliorer la qualité de vie dans nos communautés en réduisant les problèmes de circulation et en encourageant les interactions sociales sur le chemin de l’école.

Les solutions à mettre en oeuvre

Pour promouvoir efficacement l’écomobilité scolaire, une action concertée à plusieurs niveaux est nécessaire :

  • Au niveau de l’État : il est primordial de mettre en place des politiques publiques nationales favorables aux mobilités actives tel que le plan vélo et marche 2023-2027, soutenant ainsi les initiatives locales et impulsant des dynamiques positives.
  • Au niveau des collectivités locales : il convient d’investir dans des infrastructures adaptées et sécurisées pour les piétons et les cyclistes, tout en promouvant des actions de sensibilisation et d’accompagnement.
  • Dans les écoles : il est essentiel d’intégrer l’écomobilité dans les projets pédagogiques et de soutenir les actions en faveur des déplacements actifs.
  • Au sein des familles : les parents ont un rôle crucial à jouer en adoptant des comportements favorables à l’écomobilité et en encourageant leurs enfants à privilégier les modes de transport actifs.

De nombreux dispositifs sont déjà disponibles pour soutenir cette transition vers une écomobilité plus active :

    • Savoir rouler à vélo : programme scolaire non obligatoire proposant aux enfants de 6 à 11 ans de suivre une formation encadrée de 10h, visant à généraliser l’apprentissage du vélo de manière à acquérir une autonomie sur la voie publique avant l’entrée au collège.
    • Rues scolaires : rues fermées quotidiennement à la circulation motorisée, en permanence ou aux heures d’entrées et sorties de classes dans la zone immédiate de circulation qui entoure une école.
    • Pédibus et vélobus : modes de ramassage scolaire permettant de convoyer de manière encadrée les enfants à pied ou à vélo.
    • Plan de Déplacements Établissement Scolaire : outil permettant aux établissements scolaires de plus de 250 élèves, à partir d’un diagnostic local, de mettre en œuvre des actions favorables au développement de la marche, du vélo, des transports en commun ou du co-voiturage entre leur domicile et leur établissement scolaire.
    • Rue aux enfants : rue ou place habituellement ouverte à la circulation motorisée que l’on ferme ponctuellement pour que les enfants puissent y jouer librement en toute sécurité.
    • Semaine nationale de la marche et du vélo à l’école et au collège : elle vise à promouvoir ces modes actifs dans les pratiques quotidiennes des élèves. L’équipe pédagogique définit à l’échelle d’une ou plusieurs classes, sur le temps scolaire, une ou plusieurs actions, sur une ou plusieurs journées.
  • Défi Moov’IdF : Initié dans le cadre de Mai à vélo, le Défi Moov’IdF invite élèves, familles et membres du personnel d’établissements à relever le défi de l’écomobilité scolaire du 13 au 17 mai 2024. Pendant cette période, l’objectif est de se rendre à l’école à pied, à vélo ou en transport en commun, encourageant ainsi des pratiques de mobilité moins polluantes et bénéfiques pour la santé.

La volonté des parents : un atout majeur

Les résultats d’une étude révèlent que 76% des parents se montrent favorables à une concertation visant à améliorer les déplacements autour des écoles de leurs enfants. Cette statistique met en lumière l’attention des parents pour le concept d’écomobilité scolaire et témoigne de leur intérêt à contribuer à la mise en œuvre de politiques publiques favorisant des modes de déplacement décarbonés, sécurisés et respectueux de l’environnement. Ces chiffres soulignent également l’importance de consulter les parents dans la conception de solutions durables, telles que l’aménagement de rues végétalisées et conviviales. En mobilisant les parents, il est possible de créer des environnements urbains plus adaptés aux besoins des familles tout en promouvant des modes de transport respectueux de l’environnement

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